Le thème de réflexion et de prière cette année arrive des communautés Dalites en Inde
» Que nous demande le Seigneur ? «
Elles nous proposent aussi une célébration oecuménique, à s’approprier bien évidemment, en fonction de notre pays et du souhait de chaque communauté dans le respect de la trame proposée. A Montbrison, comme déjà depuis 2009, les communautés catholique romaine, réformée, catholique gallicane et orthodoxe ont préparé ensemble la célébration qui s’est déroulée le samedi 19 Janvier à l’Eglise St Pierre de la paroisse Ste Claire. Cette célébration s’est terminée par le verre de l’amitié offert par les communautés à tous les fidèles présents dans un moment convivial. La chorale oecuménique a bien sûr rythmé la cérémonie et entrainé l’ensemble des personnes présentes dans ses chants.
Voici les textes de cette année suivis de l’homélie proposée à notre réflexion
Première lecture : Michée 6,6-8
« Avec quoi me présenter devant le Seigneur, m’incliner devant le Dieu de là-haut ? Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes ? Avec des veaux d’un an ? Le Seigneur voudra-t-il des milliers de béliers ? des quantités de torrents d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour prix de ma révolte ? Et l’enfant de ma chair pour mon propre péché ?
On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi : Rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. »
Deuxième lecture : Galates 3,26-28
« Car vous êtes tous enfants de Dieu par la foi qui vous lie à Jésus-Christ. Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu’il nous offre. Il n’importe donc plus que l’on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme.
En effet, vous êtes tous UN dans la communion avec Jésus-Christ. »
Lecture de l’Évangile : Luc 24,13-35
« Ce même jour, deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs qui se trouvait à environ deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient de tout ce qui s’était passé. Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux. Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître. Jésus leur demanda : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Et ils s’arrêtèrent, tout attristés. L’un d’eux, appelé Cléopas, lui dit :
« Es-tu le seul habitant de Jérusalem qui ne connaisse pas ce qui s’est passé ces derniers jours ? »
« Quoi donc ? » leur demanda-t-il.
Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth ! C’était un prophète puissant ; il l’a montré par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs de nos prêtres et nos dirigeants l’ont livré pour le faire condamner à mort et l’ont cloué sur une croix. Nous avions l’espoir qu’il était celui qui devait délivrer Israël. Mais en plus de tout cela, c’est aujourd’hui le troisième jour depuis que ces faits se sont passés. Quelques femmes de notre groupe nous ont étonnés, il est vrai. Elles se sont rendues tôt ce matin au tombeau mais n’ont pas trouvé son corps. Elles sont revenues nous raconter que des anges leur sont apparus et leur ont déclaré qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau et ont trouvé tout comme les femmes l’avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Alors Jésus leur dit : « Gens de peu de Foi, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ? » Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l’ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes.
Homélie » que nous demande le Seigneur ? «
En cette année 2013, les chrétiens indiens nous donnent à entendre 3 textes tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ils expriment chacun un aspect du thème central de réflexion oecuménique de cette année. « Que nous demande le Seigneur ? »Cette interrogation nous est proposée à partir du texte de Michée, puis du psaume 86, puis à partir du texte de Paul aux Galates et enfin celui del’Evangile de Luc.
Le premier thème de cette célébration: L’unité des chrétiens nous invite en cette année 2013 à ne pas dissocier la recherche de l’unité spirituelle de la recherche de la justice et de la paix. Les chrétiens indiens qui ont préparés cette semaine de prière font référence aux Dalits qui constituent des communautés estimées « hors- castes ». Il résulte donc de ce système que les Dalits sont marginalisés socialement, politiquement, et économiquement. Cette communauté marginalisée sert donc de creuset pour permettre l’émergence d’une réflexion théologique à partir du thème biblique. Au delà du contexte particulier de l’Inde, et en dehors de toutes stigmatisations, ce sont toutes les formes d’exclusion ou de marginalisation de nos sociétés qui sont soumises à notre réflexion.
Ce texte nous permet de découvrir le prophète Michée qui faisait partie des douze petits prophètes de l’Ancien Testament . Il a vécu dans les mêmes conditions politiques, économiques, morales et religieuses que son contemporain Isaïe. Ce qui est au cœur du message de ce prophète, c’est l’annonce du jugement avec la proclamation et la célébration du salut. Michée exhorte le peuple à se mettre en pèlerinage vers « la Montagne du Seigneur… Il nous montrera ses chemins, et nous marcherons sur ses routes » (Mi 4, 2).
Le livre de Michée est un vibrant appel à la justice et à la paix. Il situe la justice et la paix dans l’histoire des relations entre Dieu et l’humanité. Comme d’autres prophètes, Michée rappelle au peuple que Dieu l’a sauvé de l’esclavage de l’Égypte et l’a appelé, à travers l’alliance, à vivre dans une société édifiée sur la dignité, l’égalité et la justice. De ce fait, on ne peut séparer la vraie foi en Dieu de la sainteté personnelle et de la quête de justice sociale. En rejetant des rituels et des sacrifices appauvris par le désintérêt pour la justice, Michée exprime ce que Dieu voudrait : une justice qui se situe au cœur de notre religion, au coeur de notre vie de chrétien. La foi trouve ou perd son sens selon le rapport qu’elle entretient avec la justice. L’insistance de Michée sur l’aspect moral de notre foi nous invite à nous demander ce que Dieu attend vraiment de nous.
« Que nous demande le Seigneur ? ». Tous les chrétiens peuvent se poser la même question que le prophète Michée. Cette introspection est lourde de conséquence, car elle nous place devant tous nos engagements qu’ils soient spirituels ou citoyens. N’y a-t-il pas dans notre propre pays des groupes ou des communautés dont le sort peut s’apparenter à celui des Dalits ?. Par rapport à eux notre action au quotidien est elle en accord avec les idéaux les plus élevés de la chrétienté?. La recherche de la justice sociale au coeur de l’Ancien testament peut nous surprendre. Le prophète Michée nous rapelle que notre vie spirituelle et notre vie sociale ne sont pas des mondes séparés et distincts et là aussi nous sommes appelés à l’unité. Cette période de crises, économique, politique , morale et spirituelle, ne doit pas être un frein ou un blocage mais au contraire un encouragement pour poursuivre l’édification d’une société de dignité et de justice.
Le deuxième thème de cette célébration c’est l’appel de l’apôtre Paul au Galates. Au delà de cette semaine de l’unité des chrétiens
Oui nous sommes UN dans la Foi, Oui nous sommes UN dans le baptême. Peu importe que nous soyons d’une confession ou d’une autre. Nous sommes UN dans Jésus-Christ nous dit l’apôtre Paul.
Mais là encore nous sommes souvent sans ressources pour mettre en oeuvre cette unité: il y a des peurs… de perdre ce à quoi nous tenons dans chacune de nos communautés. Il y a des peurs …. d’être conduits à abandonner ce qui nous construit depuis des dizaines voir des centaines d’années. Mais nous projetons cette vison de communion et d’unité avec notre intellect et avec des construction trop strictement humaines. Si nous commençons par vivre cette unité, en mettant en avant, non la construction intellectuelle, mais la dimension du coeur, alors les choses seront différentes. L’unité est faite de compréhension, d’amitié, de respect.
Le chant final de cette célébration sera « nous marchons vers l’unité » et nous le chanterons avec la chorale oecuménique. Cette chorale représente un peu l’image ce que doit être l’unité de chrétiens : Lorsque l’on entend cette chorale on ne dit pas le ténor est orthodoxe ou l’alto est réformé ou encore on ne s’interroge pas pour savoir où sont les romains et où sont les gallicans. Non rien de cela, quand cette chorale chante on n’entend que le chant de l’unité et la communion dans la louange du Seigneur. Voici ce à quoi nous appelle l’apôtre Paul
« Que nous demande le Seigneur ? » Le troisième thème de cette célébration c’est d’être en marche. C’est tout d’abord « le chemin de droiture qui conduit à la vie » qui est invoqué dans le psaume 86. Un chemin qui est fait pour marcher dans les voies du Seigneur avec lui.
Dans l’Evangile de Luc, l’image des deux pèlerins, qui ne reconnaissent pas le Christ qui chemine à leur côté , c’est un peu notre image. Cléophas et son compagnon ont passé plusieurs mois en la compagnie de Jésus mais leurs yeux sont comme aveuglés et ils ne reconnaissent pas cet homme qui les a rejoint. « Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux. Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître ». Cette incapacité à reconnaitre le Christ, elle évoque notre propre difficulté à rencontrer le Seigneur qui marche à nos côtés. Dans notre vie, Il est toujours présent, mais souvent c’est nous qui sommes comme absent à la réalité divine. Ce que nous demande le Seigneur c’est de nous ouvrir à sa Présence, c’est de cheminer avec lui en le reconnaissant pleinement. Cette demande est donc au coeur de notre vie de chrétien car nous sommes toutes et tous appelés à vivre pleinement cette Présence. A chaque jour de cette semaine de prière est associé une façon différente de marcher avec le Christ. Nous partagerons la prière d’intercession qui portera ces marches commes autant de facettes de nos oeuvres. Nous y exprimerons les chemins oecuméniques parcourus et ceux qui restent encore à faire. Les réponses de l’assemblée tracerons la voie pour poursuivre ensemble cette route. Les prières que nous adressons au seigneur, sont aussi une manifestation de la confiance que nous plaçons en Dieu pour nous aider sur ce chemin d’unité de tous les chrétiens. Par cette participation à la Présence, nous savons que nous recevrons les charismes nécessaires à cette mission.
La célébration pour l’unité des chrétiens repose sur la prière commune et le partage de la parole de Dieu. Nous partageons cette même approche des écritures à travers les différents textes qui sont proposés à notre méditation tout au long de l’année dans chacune de nos communautés.
Ce soir, nous partageons les mêmes textes et nous manifestons ainsi une dimension de l’unité : Entendre les mêmes mots, et accepter d’en recevoir ensemble, dans le secret de nos coeurs l’enseignement vivant du Christ.
L’écoute et la méditation des écritures,
c’est ce qui nous nourrit,
c’est ce qui nous construit,
c’est ce qui nous unit
Amen
Père Robert