La semaine de l’Ascension a commencée, comme chaque année, à la chapelle St Michel Archange, avec la bénédiction des Rogations.
A cette occasion, je procède à la bénédiction d’un peu de terre que je partage ensuite avec celles et ceux qui le souhaitent. Ils peuvent ensuite répandre cette terre, dans leur jardin ou sur les fleurs de leur balcon, avec une prière pour la Bienveillance des Cieux sur nos cultures et nos plantations.
Cette année, j’ai innové avec la création de petits « bâtons de bénédiction » portant chacun une croix (dorée) et l’inscription de la date de la Bénédiction (2018) ainsi que le nom de notre Eglise. Ils sont plantés ensuite dans le jardin à l’endroit de son choix. La croix tournée vers l’est et le soleil levant.
Je reprends une vieille tradition des monts du lyonnais, qui consistait à faire bénir des petites croix en bois, pour les « planter » dans les champs de blé ou d’orge, ainsi que dans les jardins et les porcheries. Ces croix étaient destinées à la protection de toutes les cultures destinées à nourrir les humains. Une dernière croix était clouée à la poutre maîtresse de la maison d’habitation. Je garde encore le souvenir de ces croix fixées aux poutres, à la fin des années 60. Ma mère m’a raconté qu’au début des années 60, il y avait 3 processions sur les 3 jours des Rogations. Le lundi dans une première direction, jusqu’à 1 kilomètre du village, pour la protection des pommes de terre. Le mardi, nouvelle procession dans une autre direction, pour une autre bénédiction. Enfin le mercredi, dernière procession dans une troisième direction, pour la bénédiction des blés. Ces processions se déroulaient tôt le matin. Cette pratique s’est peu à peu éteinte, (autour de 1970) à cause de la mécanisation de plus en forte de l’agriculture, de l’arrivée des pesticides… Le contact étroit avec la dimension vivante de la terre disparaissant aussi, le rôle de ces bénédictions devint petit à petit moins primordial pour les chrétiens d’alors.
En 2018, il n’y a plus guère que l’Eglise Gallicane, pour poursuivre ces bénédictions et en exprimer le sens auprès des fidèles. Mais de nouvelles attitudes face à la nature sont en train de prendre forme et vie dans notre monde moderne.
Ces gestes et ces prières ont un sens profond, alors il ne faut pas perdre et notre responsabilité est de les faire vivre.
Père Robert Mure