Samedi 21 Janvier a eu lieu au Temple de Montbrison la célébration oecuménique regroupant les 4 communautés chrétiennes de Montbrison unies et priant ensemble: Catholiques, Gallicans, Orthodoxes et Protestants.
Merci à chacune et à chacun pour votre volonté déterminée et efficace afin d’organiser ce moment de prière commune puis ce partage convivial autour du verre de l’amitié. Merci à l’Eglise protestante pour son accueil au Temple et pour avoir été « aux petits soins » pour chacun. Merci à la chorale oecuménique pour avoir animée ce moment vécu ensemble.
Merci à vous toutes et tous pour avoir répondus présents, une centaine de personnes avaient bravé le froid et la neige pour se rejoindre dans la Foi. Sans vous rien n’est possible.
Ensemble nous témoignons que « ce qui nous unit est plus important, plus fort, que ce qui nous divise ».
Cette année le thème et la célébration étaient proposés par les Chrétiens du Minnesota pour être priés partout dans le monde dans chaque lieu ou l’oecuménisme est possible.
» Apprenez à faire le bien, recherchez la justice » Esaïe 1,17
Lecture Esaïe 1,12-18
Epitre aux Ephésiens 2,13-22
Evangile St Matthieu 25,31-46
Homélie
Je veux tout d’abord vous dire ma joie d’être ici ce soir pour prier ensemble. La célébration 2023 de l’Unité des Chrétiens est fondée sur le texte d’Esaïe, et la phrase titre est « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice ». Nous nous retrouvons autour de cet ancrage en l’Écriture qui est notre trésor commun et partagé. Cette parole de Dieu nous unit et nous rend un seul peuple.
Les Églises et les Communautés chrétiennes du Minnesota, nous proposent pour cette année trois textes très forts pour faire résonner la Parole de Dieu au cœur de nos célébrations œcuméniques. Il y a tout d’abord cette invitation à la confession et au pardon à partir du prophète Esaïe, puis nous avons écouté l’Épitre aux Ephésiens et l’Évangile de Matthieu
Les mots du prophète Esaïe sont encore présents dans notre tête et ils disent : « Cessez d’apporter de vaines offrandes … vos solennités, je les déteste, … ou encore vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas et qui se termine par Venez et discutons, dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige »
Comment Dieu peut-il s’exprimer ainsi?… On pourrait dire que c’est la traduction d’une sainte colère. Dieu exprime à son peuple des reproches à propos des actions mauvaises et du mal qui est fait. A cette époque, beaucoup de personnes sont dans la misère alors que d’autres sont dans l’opulence. Les veuves et les orphelins n’ont aucun droit et leur simple survie est plus qu’aléatoire. Or dans le même temps, la place et l’importance des sacrifices religieux n’a jamais été aussi grande en Judée et à Jérusalem.
Ce qui est condamné dans les paroles du prophète Esaïe, c’est la distinction qui existe entre d’un côté la vie quotidienne économique et sociale et de l’autre la vie religieuse, spirituelle. Dieu demande qu’il y ait une cohérence et non pas deux poids et deux mesures dans notre vie. Ces mots de l’Ancien Testament sont encore et malheureusement d’actualité en 2023.
Ce texte nous dit aussi cette parole du Seigneur « Venez et discutons». Il y a cette volonté divine du dialogue avec son peuple, du dialogue avec chacune et chacun d’entre nous. Il y a ce pardon et il y a cette grâce toujours possible si nous « Apprenons à faire le bien, recherchons la justice »
En écho à cela, l’Évangile de Matthieu, nous parle du jugement à la fin des temps, qui fait résonner là encore des paroles qui jettent l’effroi et dont la force et la violence, nous touchent. Le Fils de l’homme siégeant sur son trône de gloire, c’est le Christ ressuscité, c’est lui aussi le Roi, c’est lui aussi le berger. Dans ce jugement le Roi est décrit comme « séparant les hommes les uns des autres… Et ils s’en iront, les uns au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle. ».
Que dire après une telle sentence ?
Cet évangile est un avertissement et une mise en garde. Cet Évangile ne présage en rien de ce que sera véritablement le jugement. Une humanité avertie, agira avec plus de sagesse et de droiture. On peut aussi répondre en se plongeant dans le détail de ce texte car on va y trouver des éléments surprenants. Je remercie colette pour l’approfondissement de ce passage lors du dernier Partage Biblique.
Tout d’abord le Fils de l’homme, qui est Roi et juge se définit aussi « comme l’un de ces plus petits qui est dans le malheur ou le dénuement ». Le Fils de l’homme s’est revêtu de notre humanité au point de s’identifier à chacune et chacun de nous en tous temps.
Il convient de noter aussi, chez « les méchants » comme chez » les justes », la surprise de ne pas savoir pourquoi un tel jugement est prononcé à leur égard ? Les uns disent « Quand sommes-nous venus jusqu’à toi » et les autres demandent « Quand avons-nous oublier de nous mettre à ton service ».
Pourquoi certains sont-ils sauvés et appelés à la vie éternelle ? Matthieu les nomme les Justes. Abraham est le premier des justes parce qu’il a accueilli, avec sa femme Sara, 3 inconnus qui passaient à proximité de son campement. Ce comportement d’accueil appelé « l’hospitalité d’Abraham » repose sur un point essentiel. Abraham et Sara les accueillent avec bienveillance, comme ils le font pour tous les visiteurs.
Ces inconnus se révèlent être des anges envoyés par Dieu et pour la tradition juive depuis : « Offrir l’hospitalité, c’est se donner la possibilité d’accueillir Dieu en personne ».
En parlant des Justes, je ne peux pas m’empêcher d’évoquer ceux que l’on nomme « Les Justes devant les nations ». Cette dénomination désigne les non-juifs qui ont pris des risques importants, mettant souvent leur vie en péril, pour secourir les juifs et surtout des enfants voués à l’assassinat massif voulu lors de la seconde guerre mondiale. Ceux qui reçoivent la « médailles des Justes » disent tous « nous l’avons fait, cela semblait aller de soi pour nous ». Ils disent tous, nous n’avons pas de mérite particulier à avoir agi ainsi. Ces gens-là sont « les justes » qui ont la vie éternelle.
Ceux qui ne peuvent pas entrer au Royaume de Dieu, n’ont pas forcement fait le mal mais ils ont surtout oublié de faire le bien. Ils ont négligé l’hospitalité, la compassion désintéressée, l’attention aux autres. Ils ont oublié de faire les petites choses du quotidien pour ceux qui en ont besoin.
Cet inconnu, cet étranger, il peut parfois venir de loin pour demander de l’aide mais il est aussi tout près de nous. C’est notre voisin, voir quelqu’un de notre famille, malade ou dans le besoin. Ce peut être aussi quelqu’un en pleine déprime dont l’extrême souffrance est comparable à une prison. Ces tous petits, dans lesquels le Christ se reconnait comme un frère, c’est chacune et chacun de nous. L’Évangile de Matthieu doit être considéré comme un accomplissement dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ et non comme une condamnation.
La seconde lecture, l’Épitre aux Éphésiens, nous entraine encore plus loin car Paul nous dit que nous ne sommes plus des nations séparées. Nous ne sommes plus des étrangers les uns pour les autres mais nous sommes membres de la famille de Dieu. Jésus Christ « est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. » Saint Paul de poursuivre « à partir des deux, le Juif et le païen » il nous faut comprendre le protestant, le catholique l’orthodoxe ou le gallican « il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, ». Oui le Christ mort et ressuscité, nous a uni dans une nouvelle dimension de l’humanité où nous avons « dans un seul Esprit, accès auprès du Père. ». Nous devons encore et encore prendre la mesure de ce que signifient ces mots.
« Apprenons à faire le bien ». Construire notre unité chrétienne sur la pierre angulaire de Jésus-Christ doit se faire autour de la dimension religieuse comme dans cette semaine de l’Unité de Chrétiens. Cela peut se faire aussi dans l’aide et l’entraide que nous proposons ou que nous soutenons pour les plus petits. Je pense, entre autre, à Abri’Toit, Aux petits frères des pauvres, au secours catholique ou à Emmaüs et tant d’autres associations. La construction de ce BIEN doit aussi se décliner pour nous tous, en Esprit et en Vérité ; il faut ETRE VERITABLEMENT ce bien, ce beau, ce bon.
« Recherchons la justice ». Construire notre unité chrétienne doit se faire aussi dans la défense des droits des plus faibles et dans la lutte contre les injustices de toutes sortes. Je pense ici à nos amis de l’ACAT et de « Chrétiens d’Orient » et à tant d’autres. La jusrice doit aussi se décliner pour nous tous, en Esprit et en Vérité ; il faut ETRE cette justice, cette défense des veuves et des orphelins, elle doit devenir une part véritable et essentielle de nous-même.
Dans cette célébration, nous ne sommes plus des communautés séparées mais nous sommes des sœurs et des frères qui marchons sur le même chemin, côte à côte. Avec ce temps d’écoute, nous puisons ensemble à la source vivante de la Parole de Dieu. Avec ce temps de présence les uns avec les autres nous unissons nos voix dans la même prière et la même louange. Avec ce temps de convivialité enfin pour échanger, partager, nous témoignons de la joie d’être ensemble. Que cette célébration soit comme une petite pierre à la construction de l’Unité des chrétiens et nous apporte un début de réponse à cette injonction divine « Apprendre à faire le bien, rechercher la justice ».
Amen
Père Robert Mure
+ Chapelle Gallicane Saint Michel Archange + Montbrison