NOËL … renaître à la vie divine

NOËL

Avènement du Fils de Dieu  –  Naissance à Bethléem de Jésus Christ, Sauveur du monde. Souvent les textes liturgiques ne séparent pas la naissance du Christ de son retour glorieux à la fin des temps où Il viendra rendre à chacun selon ses oeuvres.

Les textes du temps de l’Avent vont en ce sens et mêlent continuellement ces deux avènements. Pourquoi?

Ils sont en effet indissociables… Dieu nous donne son Fils pour ouvrir la voie de réconciliation entre l’homme et Lui; Cette naissance divine est pour chacun de nous une invitation, une chance à saisir, un appel à transformer nos vies et nos âmes pour suivre Jésus sur son chemin d’amour. Ce ne sont pas forcément de grandes choses qui nous sont   demandées: une action bienveillante, une attention particulière à l’autre afin de rendre le monde meilleur, d’abord autour de nous. La naissance du Christ nous invite à nous appliquer à mettre notre volonté au service de l’Esprit Saint et des commandements de Dieu:

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et ton prochain comme toi même…

Soyons dans une attente active et volontaire pour qu’à la fin de notre vie Dieu puisse reconnaître nos âmes comme lui appartenant et qu’il puisse nous accueillir en son royaume à la fin des temps.

Que la célébration de cette fête de Noël nous fasse renaître, en la vivifiant toujours davantage, à cette vie divine que le Fils de Dieu vient nous donner

C’est le souhait de l’Eglise pour ses fidèles et tous les hommes depuis plus de 2000 ans. C’est le souhait que nous formons aujourd’hui pour chacune et chacun de vous.

C.Mure, Diaconesse 

Joyeux Noël 2008

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Pâques , Ascension, Pentecôte… nous en sommes à des lieues!!

Pâques , Ascension, Pentecôte… et la semaine suivante qui reprend les 7 dons de l’Esprit Saint… puis la fête de la Sainte Trinité… et celle de la fête Dieu… et celle du Sacré Coeur…   qu’est ce donc que tout cela encore aujourd’hui?

Nos préoccupations humaines, bien légitimes d’ailleurs, sont à des lieues de toutes ces célébrations… et pourtant elles sont là pour nous rappeler immuablement, éternellement, que Dieu a choisi le parti de l’homme aujourd’hui comme hier et demain, comme ici et ailleurs.

Père qui nous donne son Fils dans un élan d’amour. Fils qui nous ouvre les portes du ciel par son amour… qui ne faillit pas alors même qu’il est mis à mort sur la croix. Esprit Saint qui aujourd’hui encore agit avec nous et en nous.

Les célébrations rappellent à notre mémoire cette vie du Christ et le message de Dieu pour les hommes de tous temps. Les célébrations raniment en notre coeur les 7 dons de l’Esprit Saint. Les célébrations nous grandissent de la présence du Christ qui se donne encore et toujours sur l’autel. Les célébrations ravivent en nos âmes l’Esprit qui nous fait vivre. Souffle qui anime chacun de nous, qui nous rend « frères » et « Fils de Dieu ».

L’histoire de l’humanité a un sens…. l’homme, fils de Dieu est appelé à Le rejoindre…. la mission de l’Eglise est de le faire savoir.

« AIMEZ vous les uns les AUTRES comme Je vous ai aimés »ne doit pas être qu’un vague souvenir d’une histoire ancienne mais une réalité qui doit animer notre volonté et nos coeurs à chaque instant. C’est en effet par l’attention à l’autre et par l’amour que nous lui témoignons que nous nous rapprochons dés à présent le plus sûrement  de Dieu.

Le Christ n’a pas dit que ce serait facile… mais il a dit « qu’Il serait avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».(Matthieu 28.20)

C. Mure, Diaconesse

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Remerciements suite à l’inauguration de la Chapelle

Nous voulons tout d’abord vous remercier, toutes et tous, pour les nombreuses manifestations de sympathie que vous nous avez témoignées lors de la consécration de la chapelle au mois de juin dernier. Cette magnifique cérémonie restera comme un moment exceptionnel dans nos coeurs.

Nous souhaitons enraciner encore un peu plus les célébrations gallicanes dans le temps et dans la durée. Le choix du vendredi soir ( à 18h30) pour les Offices, en alternance avec les messes du dimanche (à 10h30), devrait offrir plus de possibilités.

Cette rentrée est marquée par la mise en place d’un temps d’accueil et d’écoute à la chapelle le vendredi après midi de 15 à 18h, suivi par l’Office de St André à 18h30. Cet accueil sera proposé par Dame Colette 2 fois par mois.

Ce temps personnel d’écoute et de dialogue est destiné à ceux qui souhaitent ouvrir leur coeur, partager les joies et les peines de la vie ou simplement venir prier dans le silence de la chapelle.

Le catéchisme, pour les enfants du primaire est proposé le mercredi matin, une fois par mois. Vous pouvez inscrire vos enfants au : 06 89 15 62 57.

En union de prières avec vous tous

A bientôt Père Robert et Dame Colette

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Célébrations : RDV avec Dieu

Du mercredi des Cendres qui débute le Carême, de la Fête des Rameaux à la résurrection le matin de Pâques, puis à l’Ascension à la venue de l’Esprit Saint à Pentecôte; toutes ces dates sont autant de rendez vous merveilleux pour aller à la rencontre de Dieu et se mettre en communion et en harmonie avec Lui.

Vous savez tous que notre Eglise Gallicane laisse à chacun le soin de décider par lui-même d’assister aux célébrations, « Dans la Sainte Liberté des enfants de Dieu » comme dit notre messe.

Cependant si je me permets d’insister auprès de vous, c’est pour vous rappeler l’importance toute particulière des fêtes de l’Ascension, de Pentecôte et par dessus tout de celle de Pâques. Afin de trouver les mots capables de vous convaincre de venir ou de revenir à l’église, pour ces fêtes ou pour tout autre jour de célébration, je livre à votre réflexion des extraits de la lettre Pastorale de Monseigneur Giraud, Patriarche de l’Eglise Gallicane à l’occasion du Carême 1935 sur « la fréquentation de l’Eglise »

Extraits :

« Venez à moi vous tous qui êtes chargés et je vous referai! » (dit la parole de notre Seigneur Jésus-Christ). Voilà la raison qui au lieu de vous éloigner de l’église, au lieu de vous en dispenser, devrait au contraire vous y pousser irrésistiblement. Vous êtes exédés, obsédés, troublés, découragés; la vie vous emporte dans son courant brutal avec toutes ses meurtrissures et vous dites : » je perds la tête, je suis incapable de toute direction, je me débats sans succès contre mille obstacles, je n’arrive pas à juger sainement des choses, je succombe sous le poids de tous les accablements matériels et moraux; comment voulez-vous que j’aille à l’église et que voulez-vous que j’aille y faire? »… »

« Dieu, n’est-il donc point partout, n’est-il que dans la maison du clocher? » Oui il est partout, mais s’il est vrai qu’il est partout, il n’est pas vrai que nous puissions partout nous recueillir assez pour sentir sa présence et pour nous abstraire suffisament de toute préoccupation ou de toute sollicitation pour en arriver à nous trouver avec Lui vraiment en face à face … »

« Il y a pour nous (catholiques gallicans), à l’église, la présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ avec son âme, son corps, sa Divinité, dans la Très Sainte Eucharistie; il y a le Fils de Dieu fait homme, « Celui qui fait ses délices d’habiter parmi les enfants des hommes » et aussi Celui qui a fait la promesse d’être avec Nous à l’autel jusqu’à la consommation des siècles. Celui-là a vécu dans notre chair comme pour être mieux à même d’en comprendre les faiblesses et d’en révéler les énergies, celui au Nom de qui on est toujours exaucé près du Père … »

« Il faut venir à l’église pour se recueillir, c’est à dire pour se mettre en présence de soi-même; et là , regarder ce que nous avons fait du talent que le Père nous a donné. »

« Venez à l’église. Jésus-Christ est au milieu de vous qui vous parle (par l’Evangile)… Paroles de pénitence, paroles de bienveillance, paroles de justice. »

« Et nous ne venons pas seulement nous instruire à l’église, nous n’y pensons pas uniquement nous édifier réciproquement, nous y venons nous connaître et nous voir. De moins en moins les hommes se connaisent parce que de moins en moins ils s’interrogent et de moins en moins surtout ils s’abandonnent. »

« Chacun pour soi et Dieu pour tous dit un proverbe… le seul moyen de se connaître c’est de venir le dimanche à l’église, on s’y rencontrera quelques instants pour y vivre la même pensée, la même foi et entendre la même parole, y prononcer la même prière s’y nourrir de la même Eucharistie. »

« Or c’est bien là (à l’église) et seulement là que vous puiserez ce courage et parce que c’est là et seulement là que vous vous sentirez en présence de Dieu, là que vous pourrez lui parler à l’aise , là que vous en retirerez toute lumière. »

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Notre père

Notre Père, qui êtes aux Cieux,
Que votre nom soit sanctifié,
Que votre règne vienne,
Que votre volonté soit faite
Sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonnez-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
Et ne nous soumettez pas à la tentation,
Mais délivrez-nous du mal

La doxologie finale

Car c’est à vous qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. Amen

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Groupe des Dombes« Vous donc, priez ainsi ». Le Notre Père, itinéraire pour la conversion des Eglises (Paris, Bayard, 2011, p. 175-178)

Oecuménisme

Notre Père qui es aux cieux
Toi que nous pouvons appeler « Père » parce que ton Esprit fait de nous tes enfants et que par lui nous devenons frères et sœurs de Jésus, ton Fils unique, tu es notre Créateur : nous nous en remettons à toi comme des enfants qui ont en commun de se recevoir de toi, source de leur être et de tout bien.
Ensemble, chrétiens encore séparés, nous osons t’appeler « notre Père », pour prier avec les paroles reçues de Jésus.
Tu es Père et nous croyons que tu aimes chacune de tes créatures : nous confions à ton amour notre humanité et plus particulièrement ceux qui sont dans la détresse.Que ton nom soit sanctifié
Tu nous as choisis dans le Christ pour être ceux qui t’invoquent ensemble comme Père de Jésus Christ. Que ton nom soit sanctifié en nous, dans la vie de nos Églises et dans nos relations entre Églises. Garde-nous dans ton nom pour que l’unité nous soit donnée.
Que ton nom soit sanctifié aussi dans notre monde, qu’il soit connu et honoré, et puisse le témoignage commun de nos Églises éclairer le chemin de tous ceux qui te cherchent.

Que ton Règne vienne
Viens régner en nos cœurs et dans le cœur des hommes ! Ton Royaume, tu le réserves aux tout petits : que nos fragilités, nos pauvretés nous ouvrent pour accueillir le Royaume qui vient.
Que la sève de l’Évangile circule dans nos Églises : qu’elles puissent se comporter entre elles comme on le fait en Jésus-Christ, ton Fils qui s’est abaissé pour nous. Qu’un jour, nos Églises soient rassemblées dans la pleine communion, et témoignent de ton Royaume de justice et de paix au milieu de nous.

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Tu aimes cette terre, tu as envoyé ton Fils bien-aimé pour nous faire connaître ta volonté, volonté d’amour et tu veux que tous les hommes soient sauvés. Inspire-nous les paroles et les actes justes pour dire au monde que l’amour seul est digne de foi.
Ta volonté, c’est aussi que les disciples de ton Fils soient un : fais advenir l’unité entre tous tes enfants, afin que le monde croie.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Confiants en toi et pleins d’espérance, nous te demandons ce qui nous fera vivre chaque jour : le pain qui nous est nécessaire pour vivre, le pain qui manque à tant de nos frères et sœurs en ce monde. Suscite en nous le désir de partager avec toute personne qui manque du nécessaire.
Donne-nous aussi chaque jour le pain de ta Parole ; qu’elle soit notre nourriture.
Que vienne le jour où tous les baptisés, unis dans une même eucharistie, formant un seul corps en communiant au corps et au sang de ton Fils, pourront dire ensemble en toute vérité : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés
Toi dont le pardon est toute gratuité, fais de nos Églises des lieux où le pardon demeure toujours offert et reçu, dans l’humble reconnaissance du mal causé et subi.
En nous pardonnant mutuellement, nous pourrons nous tourner vers toi pour que tu nous prennes en pitié et pardonnes nos propres offenses. Que nous vivions de ton pardon, source de réconciliation entre nous et ferment de paix autour de nous.

Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal
Nous te prions humblement : préserve-nous de l’épreuve, fortifie notre foi quand elle traverse l’épreuve et délivre-nous du Mal !
Que nos Églises restent vigilantes dans l’épreuve des divergences et nous pourrons nous rapprocher dans un même désir de communion.
Vois aussi notre monde : que les tragédies de l’histoire n’étouffent pas dans notre humanité le cri de l’espérance. Délivre-le du Mal !

Car c’est à Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles.
A toi, Père, tout est possible, c’est de toi que tout vient, ton amour est infini ; garde-nous dans la reconnaissance. Nous avons confiance en ta Parole, nous avons la certitude que la destinée ultime de notre humanité t’appartient. C’est dans cette assurance que nous redisons la prière reçue du Sauveur.
Toi qui fais toujours ce qui est bon pour l’homme, entends notre prière pour notre monde, pour les Églises, pour leur pleine communion. Que nous demeurions persévérants pour hâter ce jour où l’unité nous sera donnée, telle que tu la voudras et par les chemins que tu voudras !
Oui, qu’il en soit ainsi. Amen.

 

 

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Célébration Journée mondiale de prière 2009

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Célébration unité des chrétiens 2009

 

Bulletin paroisse Sainte Claire : Célébration dans la semaine pour l’unité des chrétiens 2010

 

Bulletin paroisse Sainte Claire : Journée Mondiale de Prière 2009

 

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Homélie : Célébration unité des chrétiens 2011

« Ils étaient fidèles à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2,42)

Avec cette parole qui est le thème central de cette semaine de prière des chrétiens, nous retrouvons le souffle de l’Esprit qui animait les premières communautés des chrétiens. Ce n’est pas un hasard, si c’est ce texte tirés des Actes de apôtres qui a été choisit par ceux qui, de tous bords, ont oeuvres à la préparation de ces célébrations oecuméniques de l’année 2011. En effet, ce sont les chrétiens de Jérusalem qui étaient chargés de cette préparation. « L’assemblée de ceux qui croyaient ne faisait qu’un cœur et qu’une âme, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la fraction du pain et dans la prière » Cette phrase que se ponctue l’Eucharistie dans l’Office diaconal de notre Eglise Gallicane. Encore tourné, vers cette élévation de l’âme, elle matérialise, l’état de grâce que nous voudrions voir se prolonger encore et encore. Cette parole nous dit ce vers quoi nous devons tendre et ce à quoi nous pouvons nous raccrocher dans les jours de solitude ou lorsque nous sommes éloignés de la présence à Dieu.

Ce thème d’unité par excellence, nous rappelle les origines de la première Église à Jérusalem ; il appelle à la réflexion et au renouveau, à un retour aux fondements de la foi ; il invite à se remémorer l’époque où l’Église était encore indivise. Quatre éléments sont présentés à l’intérieur de ce thème ; ce furent des traits marquants de la communauté chrétienne primitive et ils sont essentiels pour la vie de toute communauté chrétienne.

– Tout d’abord, la Parole a été transmise par les apôtres.

– Deuxièmement, l’un des traits marquants de la première communauté croyante lorsqu’elle se réunissait, était la communion fraternelle .

– Un troisième trait de l’Église primitive consistait à célébrer l’Eucharistie , la « fraction du pain », en mémoire de la Nouvelle Alliance que Jésus a accomplie à travers sa vie, sa mort et sa résurrection.

– Le quatrième aspect était l’offrande d’une prière continuelle. Ces quatre éléments sont les piliers de la vie de l’Église et de son unité.

La communauté chrétienne de Terre Sainte entend mettre en relief ces éléments fondamentaux et prie Dieu pour l’unité et la vitalité de l’Église répandue à travers le monde. Les chrétiens de Jérusalem invitent leurs soeurs et frères de par le monde à s’unir à leur prière dans leur lutte pour la justice, la paix et la prospérité de tous les peuples de cette terre.

Mais alors me direz vous pourquoi mettre en face à face, cette vision idéale tirées des Actes des Apôtres avec l’Evangile de Matthieu au sujet de l’enseignement sur la colère. C’est comme un véritable coup de poing que l’on reçoit  « Laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier te réconcilier avec ton frère, puis viens alors présenter ton offrande ».

Cette phrase fait partie du discours sur la montagne, où le Christ commence par énoncer sa vision du royaume avec les Béatitudes qu’il décline avec le mot HEUREUX. Puis il se lance dans un long plaidoyer où il nous demande de mettre en accord nos paroles et nos actes sur de nombreux points de nos vies. C’est ce que nous demande le Christ, et pour cela il vient nous bousculer jusque devant l’autel de Dieu.

Il nous dit : notre prière, aussi sincère, aussi forte, aussi belle qu’elle soit, ne nous dispenses pas d’agir pour aller, chaque fois que cela est possible, vers la réconciliation avec ceux avec qui nous sommes en conflits. Biens sur, les conflits, les tensions, les mots un peu forts sont pleinement humains et ils font partie de tout homme et de toute femme .. ou presque. Le Christ le sait bien, lui qui s’est fait homme, lui qui s’est revêtu de notre humanité. Et s’il parle avec des mots aussi intenses c’est qu’il veut insister là où ça fait mal!

Mais enfin, il y va tout de même un peu fort, car pour un mot anodin comme « imbécile » ou « idiot », il nous menace du jugement… et pour ce ressentiment minime, il nous donne l’ordre de quitter la célébration et d’aller se réconcilier avec son frère… comme si cela ne pouvait pas attendre, comme si c’était une question de vie ou de mort.

Alors que le Christ lui-même nous demande cela… il y a quelque chose qui m’interroge. Je me demande vraiment si ces mots n’ont pas aussi un autre sens, si ces mots n’ont pas un sens caché. Comme lorsque le Christ nous parle en parabole. Comme dans l’evangile de Marc quand il nous dit « et si c’est à cause de ton œil que tu tombes dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi entrer dans le Royaume de Dieu avec un seul œil que de garder les deux yeux et d’être jeté en enfer ». Marc 9 – 47 . Le Christ veut-il un monde remplit de borgnes ou d’estropiés… Non surement pas… alors c’est qu’il s’agit d’autres choses.

Un élément de réponse se trouve sans doute dans le dernier verset de cet Evangile, avec ces deux hommes en procès qui doivent se mettre d’accord

 » Si tu es en procès avec quelqu’un, dépêche-toi de te mettre d’accord avec lui pendant que vous êtes encore en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te livre au juge, »

Tiens tiens, et si c’était vraiment une question de vie ou de mort, et si ce chemin n’était pas fait de pierres et de poussières mais si ce chemin était le chemin de la vie… le chemin de nos vies… et ce que le Christ nous dit,  avec des mots chargés d’émotions c’est qu’il ne faut pas laisser la mort mettre un terme à nos querelles car alors nous ne pourrons plus nous jamais nous réconcilier avec ce frère disparu.

Vous savez, dans le deuil d’un être cher, il y a très souvent des douleurs immenses à cause de quelques gros mots de trop ou alors de quelques petits mots d’affections qui eux n’ont jamais été prononcés à temps.

Oui mes frères et mes soeurs, je crois que le Christ dans cet Evangile nous parles simplement de notre manque d’amour, de cet amour qui manque, de cet amour qui fait défaut. Et il nous dit avec force qu’il n’y a rien de plus urgent et de plus important serait ce à l’échelle de toute une vie.

Si nous laissons traîner ces brouilles et ses discordes, souvent faites de petites choses, lorsque survient la mort brutale et sans le temps pour la réconciliation alors c’est un poids énorme sur l’âme de celui qui reste. C’est une blessure profonde qui pèse comme une entrave. Alors pendant qu’il est encore temps, car nous ne savons ni le jour ni l’heure, faisons ce premier pas. Allons dire à ce frère, à cet ami, à ce proche : oublie cela, mon amitié ou mon amour pour toi est plus grand que notre « bisbille ».

Et si vous parlez à un psychologue de cette question. Bien sur, il ne se placera pas sur le plan spirituel, mais il vous dira les dégâts immenses de ces non-dits, de ces silences, des ces réconciliations impossibles  et de ces deuils inconsolables psychologiquement.

Le Christ dans cet Evangile agit en thérapeute des blessures de l’âme. Si le Christ insiste tant sur cette réconciliation avec nos frères, c’est qu’elle est l’image terrestre de notre propre réconciliation avec le Père. Nos brouilles terrestres sont autant de parasites, pour employer une métaphore télévisuelle sur notre réconciliation céleste.

Voici un premier message, celui de l’urgence de faire le premier pas vers la réconciliation. Car le Christ ne nous dit pas si délaissant la célébration et nous rendant chez ce frère nous y sommes bien reçu. Ce qui compte le plus semble t il pour le Christ c’est de s’ouvrir à cette dimension et de commencer à la mettre en œuvre.

Mais il y aussi un autre message que nous adresse nos frères chrétiens de Jérusalem. C’est le message de leur douleur à eux, douleur d’une réconciliation à ce jour encore impossible entre israéliens et palestiniens. Même si une personne veut franchir le fossé qui sépare ces deux peuples, elle ne le peut pas car elle est mise au banc de toute la société. Les uns lui crie « traite » et les autres lui réponde « ennemi ». Dans cette partie du Moyen-orient, comme en Egypte ou comme en Irak, pour les chrétiens comme pour les autres communautés la réconciliation est bloquée,  voir impossible car elle échappe à la simple relation interpersonnelle.

Je suis touché par ce message car je me dis, ici, en France nous avons de la chance car nos réconciliations dépendent encore principalement de nous et de nous seuls… Cependant, je vois une société qui bouge à toute vitesse et des tensions de plus en plus nombreuses apparaissent entre différentes communautés? Ce qui est possible aujourd’hui, le sera t il encore demain ? Je n’ai pas la réponse et je vous laisses le soins d’y réfléchir et d’y agir.

Enfin le troisième message qui nous est adressé, c’est de rendre vivante cette parole des Actes des Apôtres : « L’assemblée de ceux qui croyaient ne faisait qu’un cœur et qu’une âme, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la fraction du pain et dans la prière ». Cette parole est bien plus que la description idyllique d’une situation qui n’a sans doute durée que peu de temps. Mais en méditant cette parole, c’est tout l’Esprit des apôtres et des premières communautés qui transmettent cette énergie vivante de l’expérience de la Présence à Dieu.

A travers ces mots il y a une force véritable qui nous est transmise :

Force de l’origine de la chrétienté

Force de l’Esprit apostolique

Force vivante du Christ vivant

et Force de réconciliation

Car ces deux textes mis en avant dans cette délébration ne sont pas en opposition, mais ils sont l’expression indissociable de deux aspects de la Réconciliation : réconciliation terrestre et communion céleste mais aussi union terrestre et réconciliation céleste.

En cette soirée de célébration œcuménique, laissons nous toucher au plus profond de nous par la vibration de ces mots. Laissons nous toucher par la force de l’émotion qui émane de cet Evangile et ressentons cet appel à la transformation intérieure.

Par la prière, demandons à Dieu de nous accorder cette force de transformation. Et avec cette force nous pourrons tout d’abord

– faire la paix en nous mêmes

– puis avancer vers cette réconciliation qui nous est demandée par le Christ.

La grande réconciliation de tous les peuples doit prendre racine dans toutes nos petites réconciliations au quotidien? Elle passe par chacun de nous. La célébration de ce soir fait partie de ces instants d’unité et de partage dans la prière qui construisent l’Eglise Universelle. Que la joie de ce partage nous accompagne longtemps dans chacune de nos communautés montbrisonnaises. Et que cette méditation  sur la réconciliation, venue des chrétiens de la Jérusalem terrestre nous soit comme un reflet de la réconciliation éternelle, qui nous est promise à tous et à toutes dans la Jérusalem Céleste . Amen.

Père Robert Mure

janvier 2011

 

Texte biblique       (Ac 2, 42-47)

Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en communion. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.

 

Lecture du Saint Evangile selon Saint Matthieu (5 21-26)

« Vous avez entendu qu’il a été dit à nos ancêtres : «Tu ne commettras pas de meurtre ; tout homme qui en tue un autre mérite de comparaître devant le juge.»  Eh bien, moi je vous déclare : tout homme qui se met en colère contre son frère mérite de comparaître devant le juge ; celui qui dit à son frère : «Imbécile !» mérite d’être jugé par le Conseil supérieur ; celui qui lui dit : «Idiot !» mérite d’être jeté dans le feu de l’enfer.Si donc tu viens à l’autel présenter ton offrande à Dieu et que là tu te souviennes que ton frère a une raison de t’en vouloir, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord faire la paix avec ton frère ; puis reviens et présente ton offrande à Dieu. « Si tu es en procès avec quelqu’un, dépêche-toi de te mettre d’accord avec lui pendant que vous êtes encore en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te livre au juge, que le juge ne te remette à la police et qu’on ne te jette en prison. Je te le déclare, c’est la vérité : tu ne sortiras pas de là tant que tu n’auras pas payé ta dette jusqu’au dernier centime. »

 

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Charles Maurras : 1939 pour comprendre 2009

Ces dernières semaines, plusieurs articles sont parus dans la presse pour évoquer un anniversaire particulier… celui du retour en grâce de l’Action Française. Ce mouvement est apparu à la fin du 19e siècle dans les bouleversements de la société française : disparition de l’ancien régime, laïcité naissante, république incertaine, démocratie balbutiante, anarchie, attentats, scandales… etc

« nationalisme tourneboulé par les affaires et scandales financiers… patriotisme exacerbé contre les fauteurs de désordre : les juifs, les protestants, la République » (1) (On pourrait ajouter à cette liste les francs-maçons, les métèques et sans doute les gallicans de Mgr Giraud ).

L’Action Française prend naissance, en 1899, dans ce terreau fertile « en faveur des structures d’ordre : armée, Eglise, monarchie » (2). Elle est bientôt animée par Charles Maurras qui défend dans son livre « l’amour de la vraie France, aux français de France » (3). cette devise n’est pas sans rappeler la formule plus récente d’un parti politique : « la France aux français ».

Maurras ne veut voir dans le catholicisme romain que la dimension politique de l’Eglise avec le maintien de l’ordre établi et de l’ordre social. Il trouve que « le catholicisme (romain) a adouci le « venin » révolutionnaire de l’Evangile: la grandeur du catholicisme romain est d’avoir purgé l’Eglise du venin du Magnificat. » (4) et voir citation (8). Maurras a le Christ en horreur, mais il va influencer de façon profonde de nombreux catholiques car ils trouvent dans l’Action Française une alliée contre les forces de la République de Waldeck-rousseau et d’Emile Combes. C’est dans cette alliance particulière que se fondent les racines de l’intégrisme catholique français. Elles y rejoignent le catholicisme dit « intégral » et ultramontain issue de Pie IX.

L’Action Française a été condamnée par Rome en 1926 mais ces sanctions ont été levées en juillet 1939 par le pape Pie XII. C’est cette même pensée que l’on retrouve, en 1940, en action dans le gouvernement de Vichy.

« L’essentiel pour ces esprits est que les méchants démocrates soient hors la loi. En Vichy , nous assistons au croisement de l’attitude intégriste et du comportement maurrassien, de l’intégrisme catholique et du nationalisme intégral, sainte alliance qui tenta d’imposer un ordre moral avec l’appui et la complicité d’une Eglise institutionnelle… » (5)

« tous les pétainistes n’étaient pas maurrassiens mais tous les maurrasiens étaient pétainiste » (6).

« Le maurrrassisme nationaliste, antiparlementaire, antisémite, et anti-oecuménique se veut un rempart contre la IIIe République, dévoyée et anticléricale et se répand comme traînée de poudre dans les rangs du clergé et des intellectuels français jusqu’au niveau le plus élevé » (7).

Charles Maurras sera condamné après la guerre pour collaboration mais son oeuvre nourrira d’autres mouvements (OAS, Salazar …). Dans cette origine, se trouvent aujourd’hui des clés de compréhension sur l’attitude et les paroles de Mgr Williamson, de l’archevêque de Récife et même du pape. Cette pensée se situe dans une vision où les paroles du pape et le droit canon priment sur l’Evangile et les paroles du Christ. Cette pensée se situe dans une vision d’une Eglise plus importante que l’Evangile !!! C’est dans cette pensée, qui n’a plus de catholique que le nom, que se présentent encore aujourd’hui les héritiers de Maurras avec les mêmes refus de liberté de conscience et de liberté de pensée.

Ces courants sont divers et variés mais ils se structurent toujours autour d’un refus de la modernité, des autres religions (oecuménisme) et dans une radicalité qui prône la prédominance absolue d’une Eglise « politique » sur une Eglise « spirituelle ».

Pour notre Eglise gallicane, interdite sous Vichy, ces valeurs ne sont pas et ne seront jamais les nôtres. Mais il est important de comprendre que le cadavre de Maurras « bouge encore » dans l’Europe de 2009. Le combat des gallicans est plus que jamais d’actualité. Les différentes déclarations de ces derniers mois ne doivent rien au hasard, les mêmes arbres produisant toujours les mêmes fruits.

Je conclus cet article un peu historique sur un coup de téléphone reçu à la fin du mois de mai. Une personne fréquentant la chapelle Saint Michel Archange de Montbrison nous a annoncé son désir de ne plus s’associer à nos cérémonies car elle ne veut plus des références catholiques… à cause des déclarations de ces derniers mois. Benoit XVI et sa vision d’une Eglise plus importante que l’Evangile éloigne les fidèles… même gallicans.

Père Robert Mure

1) Golias n° 125 : Le retour de l’Action française : citations 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 8

2) , 3), 4), 5), 8) : idem

6) Le Monde des religions n° : aux sources de l’intégrisme catholique

7) : idem

8) : Au début des années 80, à l’occasion de son voyage en Argentine sous la dictature militaire du général Videla, Jean Paul II tronquera le Magnificat des fameux versets : « Il disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il renvoie les riches les mains vides… « 

 

Note de Mgr Thierry Teyssot dans Le Gallican

En complément à l’article rédigé par Père Robert, je crois utile de rappeler deux choses :

 1) Lors de la seconde guerre mondiale, Mgr Giraud avait mis à la porte les partisans de la collaboration venus lui proposer la restitution des églises détenues jadis par le mouvement des cultuelles de 1907 en échange d’une prise de position en faveur de l’occupant nazi. En juin 1940 le journal Le Gallican se sabordait, il ne reparaîtra qu’à la Libération.

 2) Le journal Le Gallican de janvier 1947 précisait aussi :

 » Qu’on réfléchisse, par exemple, dans quelle situation se serait placée l’Eglise Gallicane si, en 1927, lors de la brouille entre la Papauté et l’Action Française, elle avait répondu au voeu des excommuniés. Grâce à leur appoint elle aurait connu, dans certaines régions du moins, un essor rapide. Sa caisse se serait remplie. Mais que se serait-il passé ensuite ? Soit, en 1939, lors de la réconciliation entre l’Action Française et Rome ? Soit, en 1944, après le procès Maurras ? C’eût été l’effondrement et la ruine de 28 ou de 33 ans d’efforts. »

 Et Mgr Giraud concluait :

 » La leçon de l’Histoire est donc là, patente. Elle affirme hautement qu’une Eglise Gallicane ne pourra s’organiser, vivre, croître et durer qu’à la seule condition d’être totalement indépendante des pouvoirs publics, des cadres et des partis. Et aussi qu’il ne faut point aller demander à Moscou ce qu’elle refuse à Rome. L’Eglise Gallicane, sans doute, est peu importante. On peut compter ses fidèles, ses sympathisants, ses clercs, ses lieux de culte… Et après? L’essentiel demeure pour elle de demeurer indépendante et libre. C’est en cela que malgré sa faiblesse matérielle, qu’elle ne songe d’ailleurs pas à masquer, réside toute sa force d’attraction en puissance. »

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Irénée, saint Patron de l’Eglise Gallicane

Irénée est une figure marquante des premiers siècles de l’Eglise. Il est fêté le 28 juin en Occident et le 23 août en Orient. Irénée est considéré comme un Père de l’Eglise. Il fut évêque de Lyon au IIe siècle, mourut en martyr et fut canonisé (Saint Irénée).

Les pères se veulent les fils des apôtres et sont eux aussi des artisans de l’évangélisation. Ils parlent et écrivent dans la langue usuelle de leur milieu (le grec, le latin ou le syriaque). Leur enseignement rayonne sur tout le pourtour du bassin méditérranéen. Ils sont les pionniers de la pensée chrétienne et ces écrivains n’ont pas d’autres sources que les Saintes Ecritures elles-même pour nourrir leur intelligence de la Foi. « L’enseignement des pères,… est unique et exemplaire, car ils sont des sources qui toujours permettent de remonter à la Source divine. » (1)

 Biographie

Grec de naissance, il est né en Asie Mineure, sans doute à Smyrne (Turquie) vers 130-135. Dans sa jeunesse, il rencontre le saint Evêque Polycarpe dont il devient disciple. Saint Polycarpe appartient au groupe des Pères apostoliques qui sont disciples immédiats des apôtres. Né vers 70, il a suivi les leçons de Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus (2). Cet amour donne à la vision mystique de Saint Jean une qualité unique où le monde est vu dans une dimension optimiste, non pas de l’inconscience du mal, mais de la certitude du Salut. Irénée apparaît comme le dernier représentant de ce cercle réduit qui eut pour centre l’amour de Jean et du Christ (3).

Irénée est un homme d’une culture remarquable, il est sans doute déjà prêtre quand il arrive en Gaule pour y répandre la foi catholique. Il retrouve une colonie de ses compatriotes à Lyon qui est alors une capitale et un centre commercial important. Les évêques d’Asie ayant condamné les Montanistes, Irénée fut envoyé auprès du Pape Éleuthère pour demander qu’on soit indulgent à leur endroit. Ce voyage lui évita, par ailleurs, d’être victime de la terrible persécution dont furent alors victimes les chrétiens de Lyon (177-178). A son retour, le vieil évêque Pothin était mort avec Sainte Blandine en martyrs, et Irénée fut élu pour lui succéder.

Irénée en grec ancien se traduit par, « paisible ». Il porte bien son nom d’homme de paix, comme par exemple quand il intervient auprès du pape pour le dissuader d’excommunier une partie de l’Église d’Asie qui veut célébrer Pâques à sa propre date. Rien n’oblige d’imposer l’uniformité, soutenait-il, car : « La différence du jeûne confirme l’accord de la foi ».

Irénée est surtout connu par ses écrits. « Contre les hérésies » (4), où face aux allégations des gnosticismes, Irénée s’en tient aux données biblique et à l’enseignement évangélique reçu des apôtres et transmis par la règle de foi (résumé des vérités essentielles). Il écrit aussi : « Démonstration de la prédication apostolique et ses preuves », qui est un catéchisme de la foi catholique. Il meurt à Lyon en 202. D’après la tradition, il meurt en martyr bien qu’il n’y ait pas de preuves formelles. Cette thèse s’appuie sur des témoignages de Jérôme au Ve siècle et de Grégoire de Tours au VIe siècle.

 L’Enseignement d’Irénée

Au IIème siècle, les écrits gnostiques se développent de façon considérable et c’est pourquoi Irénée s’y est opposé en adversaire décidé. Les gnosticismes sont des doctrines d’intellectuels mal convertis qui utilisent, exploitent et finalement détournent les Saintes Ecritures en prétendant offrir à une élite des connaissances supérieures sur Dieu et l’univers.

Irénée développe un argumentaire, chez lui l’autorité des Ecritures est absolue : la Bible suffit pour connaître Dieu et son œuvre, toute spéculation supplémentaire est vaine. Face au dualisme fondamental des gnostiques, Irénée affirme l’unité de la foi, de celle de l’Eglise et soutient que l’écriture révèle un plan de Dieu pour le salut des hommes (5). Le dessein du divin qui se déploie à travers l’histoire du salut prend sa source dans la Trinité et conduit l’homme de la création à sa glorification, dans la vision de Dieu. La vraie gnose (6) nous fait connaitre non le mystère même de Dieu mais la création, qui est l’oeuvre de son amour pour l’homme. La création entière est donc bonne, la matière y comprise et apte au Salut : « Le Verbe de Dieu, poussé par l’immense amour qu’il vous portait, s’est fait ce que nous sommes afin de nous faire ce qu’il est Lui-même. » (7)

 

Pour Irénée, l’homme n’est pas un esprit chuté dans un corps, mais un corps « pneumatisé » par l’Esprit, garant de son unité et de son incorruptibilité. L’homme est à l’image de Dieu car modelé dans son corps à l’image du Fils « qui devait naître ». La montée lente et progressive de l’homme et sa responsabilité dans cette ascension, le conduit vers la ressemblance parfaite avec Dieu. La pédagogie divine consiste à préparer l’homme à sa visite sans l’effaroucher pour le disposer à l’accueillir et à entrer en communion avec lui.

La connaissance est pour Irénée, un amour et une divinisation de l’homme dans la personne du Christ. Rompant avec la dualité du corps et de l’âme, Irénée développe la doctrine de Saint Jean du « Verbe fait chair » pour interpréter le sens de la vocation de l’homme : « Il a donné Son âme pour notre âme et Sa chair pour notre chair, et Il a répandu l’Esprit du Père pour opérer l’union et la communion de Dieu et des hommes, faisant descendre Dieu dans les hommes par l’Esprit et monter l’homme jusqu’à Dieu par Son Incarnation ». (8)

La venue du Christ dans la théologie primitive, n’est nullement liée au péché mais prévue « dès l’origine du monde ». L’histoire se présente comme une préparation de la venue du Fils « partout semé dans l’Ecriture, parlant à Abraham, à Moïe, à David ». Jésus est pour Irénée, le centre lumineux, à partir duquel s’éclaire toute la ligne du temps.

L’action du Christ se poursuit par celle de l’Esprit : « Car là où est l’Eglise, là est aussi l’Esprit de Dieu; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute la grâce. Et l’Esprit, c’est la Vérité » (9). La foi a été semée en nous, elle lève en charité et mène l’homme à la vision de Dieu. Chez Irénée, l’Eucharistie est le dernier volet de l’histoire du salut. Le pain et le vin, fruit de la terre et du travail des hommes, sont le reflux de la création entière vers le père. Pour Irénée la splendeur de l’Eucharistie ne tient pas seulement au fait que les éléments sont le corps et le sang du Christ, mais aussi au fait que le pain et le vin sont capables de produire ces réalités divines. Ainsi il veut nous dire, que dans l’Eucharistie nous voyons le monde comme Dieu le voit.

Face à ceux qui voulaient l’Ecriture seule Saint Irénée défend aussi la Tradition de l’Église, transmise par les apôtres et fondée sur la « règle de vérité » qui est la foi contenu dans le CREDO. C’est une théologie de l’institution ecclésiale : la transmission de l’enseignement des Apôtres et la succession apostolique donnent autorité à la doctrine et qui garantissent la conformité avec la révélation.

Irénée est le premier auteur d’une Somme de théologie chrétienne sûre de ses principes et capable d’en donner une démonstration impeccable. Pour lui, toute spéculation chrétienne doit se régler sur le credo baptismal, tel qu’il a été conservé et transmis dans l’Église depuis les origines.

Par sa théologie et par sa vie, Saint Irénée, incarne la source de l’Esprit Gallican qui dans un retour aux principes des premiers chrétiens cherche à retrouver la communion première avec Dieu.

  • la Foi au Credo
  • la force de l’Ecriture et de la Tradition
  • l’autorité liée à la succession Apostolique des apôtres
  • la dimension de l’homme, habité par l’Esprit et en retour vers le Père comme accomplissement de la création toute entière
  • la révélation des Ecritures donnée à tous et non réservée à une élite
  • la splendeur de l’Eucharistie
  • la poursuite de l’enseignement de l’apôtre Jean

Irénée, est un Saint Patron, qui nous plonge aux racines apostoliques de la foi chrétienne. L’Eglise Gallicane lui témoigne son attachement avec le Trypique qui surmonte l’Autel de la Primatiale Saint Jean-Baptiste de Bordeaux. Aux cotés du Christ en gloire, Saint Irénée, du coté de Epître, est représenté sous les traits de Monseigneur Irénée d’Eschevannes (10). Ainsi représenté par Monseigneur Tugduald, Evêque de l’Eglise Celtique de Bretagne, l’Esprit de Saint Irénée se place à la tête de notre Eglise et nous indique la voie qui permet de remonter à la Source Divine.

Père Robert Mure – Chapelle Saint Michel Archange – Montbrison

 

1) Pour lire LES PERES DE L’EGLISE, Adalbert-G. Hamman, nouvelle édition revue et augmentée par G. Bady, Les éditions du cerf, Paris 2007, p7.

2) Lettre d’Irénée à Florinius dans EUSEBE DE CESARÉE Histoire ecclésiale V, 20, trad. G. Bardy modifiée, « sources chrétiennes » 41, Cerf, Paris 1955, p62.

3) Dictionnaire historique des Saints, John Coulson Socité d’édition de dictionnaires et encyclopédies, Paris 1935

4) Contre les hérésies, trad. A. rousseau, « Sources chrétiennes » 264 Cerf, Paris 1979

5) Pour lire LES PERES DE L’EGLISE, Adalbert-G. Hamman, nouvelle édition revue et augmentée par G. Bady, Les éditions du cerf, Paris 2007, p28

6) La gnose, mot grec qui signifie connaissance n’est nullement une notion suspecte. Le sens qui lui est donnée dans la prière de la Didachè représente une expérience de Dieu plus qu’une connaissance intellectuelle.

7) Contre les hérésies, trad. A. rousseau, « Sources chrétiennes » 264 Cerf, Paris 1979

8) idem 7

9) idem 7

10) Site internet de l’Eglise : www.gallican.org

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