Marie Madeleine, ou Marie la Magdaléenne ou encore Marie de Magdala est pour l’Eglise chrétienne une disciple de Jésus. Elle serait née en l’an 3, de parents nobles. Fille d’un archiprêtre officiant à la synagogue de Capharnaum et d’Eucharie, femme d’une lignée royale d’Israël. Elle est originaire de Magdala proche du lac de Tibériade.
Ses parents possédaient une vaste contrée comprenant Magdala, voisine de Genézareth, Béthanie près de Jérusalem et une grande partie de la ville même de Jérusalem. Cette vaste possession fut partagée entre leurs enfants: Marie, Marthe et Lazare. Lazare eut la partie de Jérusalem, Marthe reçut Béthanie tandis que Marie possédait la place forte de Magdala. C’était à ce moment-là une jeune fille riche et belle, un peu oisive, profitant de la vie et de ses attraits, préférant les fêtes à l’administration de ses biens. Lazare servait dans l’armée. Marthe s’occupait donc de gérer leurs biens et leurs domaines de son mieux.
Marie Madeleine Disciple de Jésus
La tradition catholique l’assimile depuis Grégoire Le Grand (Pape 590-604 et Docteur de l’Eglise) à la « pécheresse » délivrée de sept démons par le Christ chez « Simon le pharisien » après que pleurant elle lui eut essuyé les pieds de ses cheveux et de ses larmes (Luc 7, 36-38). Elle devint ensuite une disciple fidèle et le suivit jusqu’à sa mort. C’est encore elle qui répandit sur Jésus un parfum de grand prix lorsqu’il est à table chez « Simon le lépreux » quelques jours avant sa mort sur la croix. (Matt. 26, 6-7). La connaissance de ses biens et de son attachement à Jésus nous permet de mieux comprendre comment elle était en possession de parfum précieux et pourquoi elle le répandit sur Jésus.
Elle est la femme la plus présente du Nouveau Testament, celle dont on devine, au long des Evangiles, le parcours et la transformation intérieure. Marie Madeleine est une des femmes proches de Jésus; elle écoute aussi ses enseignements (Luc 10, 38-39) et lui témoigne sa confiance. Beaucoup d’attentions de Jésus à son égard nous sont rapportées par les Evangiles: le Pharisien Simon s’étonnait de voir qu’un prophète se laisse toucher par elle. Le Seigneur le blâma de son orgueilleuse justice, et dit que tous les péchés de cette femme lui sont remis (Luc 7,39-48). Il daigna demeurer chez elle. Il la défendit devant sa sœur Marthe, qui l’accusait de paresse et d’inaction (Luc 10, 40-42), et devant Judas, qui lui reprochait sa générosité (Marc 14, 3-6). C’est encore par amitié pour elle et Marthe qu’il ressuscita leur frère, mort depuis quatre jours (Jean 11, 1-43). Un lien les unissait particulièrement: elle le comprenait peut-être davantage que les autres disciples grâce à sa sensibilité féminine. De nos jours, on dirait « Ils sont sur la même longueur d’ondes ». C’est aussi sa tendresse pour Jésus et sa Foi en son message qui la font venir aussi vite au tombeau le matin de Pâques et rester là alors même que la pierre est roulée. Elle veut comprendre où est passé le corps de son « Rabbouni » (Petit Maître – en araméen). Et c’est… parce que c’est son cœur et sa foi en sa Parole qui le cherchent autant que son intelligence… qu’elle le voit… devant elle … dans la lumière de son corps glorieux… (Jean 20, 11-16) … et sa vie en est définitivement transformée.
Marie Madeleine Apôtre du Christ
Première à être témoin de la résurrection de Jésus, elle ira l’annoncer aux disciples (Marc 16, 9-11). Première aussi à recevoir la mission d’apôtre: lorsque Jésus lui apparaît dans sa gloire de ressuscité il lui dit : « Va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu ». (Jean 20;17)
Lazare et Marthe n’étaient pas présents avec les apôtres à Jérusalem car depuis sa résurrection Lazare devait se cacher de peur d’être arrêté. Les disciples de Jésus se cachaient aussi et la mort du Christ les avait anéantis. En qui avaient-ils cru ? Où était celui qui devait relever le monde par sa royauté ? Ils ne voyaient que mort et désolation. Le paradoxe de la croix est de faire éclater la Vérité à tous, au moment même ou les mensonges amenant à la crucifixion semblent triompher. Il fallut cependant le témoignage de Marie Madeleine, l’apparition aux témoins d’Emmaüs, la présence du Christ ressuscité parmi les apôtres jusqu’à l’ascension pour leur redonner courage et affermir leur foi. Il fallut aussi toutes les grâces de l’Esprit-Saint à Pentecôte afin de les confirmer dans leur mission et leur donner la force de l’accomplir.
Les apôtres et disciples organisaient peu à peu leurs rencontres et la première Eglise chrétienne, tout en se méfiant de ne pas se faire arrêter. Etienne, diacre, fut lapidé; ce fut le premier martyr chrétien (Actes 7, 54-60). Devant les miracles qu’ils accomplissaient au nom de Jésus Christ, Fils de Dieu et devant le monde qu’ils amenaient à la Foi chrétienne par leurs prédications, le roi Hérode Agrippa mis en place à Jérusalem par ses amis les empereurs Caligula et Claude recommença à persécuter les chrétiens pour plaire aux responsables juifs. Il fit emprisonner Pierre et décapiter Jacques (Actes 12;1-5).
C’est certainement devant cette nouvelle vague de persécution que Marie-Jacobé et Marie-Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), Marthe, Parménas, Marcelle leur servante, Marie Madeleine, Maximin (jeune disciple de Jésus), Sidoine (l’aveugle né) décidèrent de s’exiler par un navire qui faisait la liaison entre la Palestine et Narbonne. Ce devait être en l’année 43. Le débarquement de ce petit groupe se fit à l’embouchure du Rhône et fut recueilli par une troupe de gitans qui devinrent les premiers convertis à la nouvelle religion. Sarah la gitane, Marie-Jacobé et Marie-Salomé restèrent au bord de la mer dans ce village qui allait devenir les Saintes Maries de la Mer. Le reste du groupe poursuivit sur Arles où il retrouva des hommes et femmes s’étant déjà convertis à Jésus, partageant leurs biens, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité.
Les voies maritimes reliaient déjà les pays entre eux et les nouvelles allaient avec. Dans le sud de la France par les marins, les événements de Palestine étaient connus et certains avaient déjà adopté cette nouvelle religion. Le groupe continua sur Marseille où il séjourna chez des personnes rencontrées en Palestine, avant de s’installer sur la ville pour travailler et prêcher. Marie Madeleine connaissait les plantes, l’art de confectionner des encens et des parfums ce qui lui permit d’aider au temple. Sa position sociale en Palestine lui permit de rencontrer sur Marseille des personnes de la diaspora juive qui les aidèrent à s’établir. Sidoine se fit embaucher comme pêcheur. Grâce à tous, à leur travail et à cet environnement d’amitié, leur évangélisation touchait toutes les couches sociales de la ville. Ils y restèrent 2 ou 3 ans avant d’être rejoint par Lazare, arrivant de Chypre, qui prit la responsabilité de la communauté chrétienne de Marseille dont il devint l’Evêque. Par sa présence et son autorité, il réunifia certaines dissidences naissantes.
Maximin et Sidoine se déplacèrent sur Aix en Provence pour continuer leur chemin d’évangélisation…. tandis que Marie Madeleine se retirait en la grotte de la Sainte Baume pour terminer sa vie en prières.
Marie Madeleine Ermite à la Sainte Baume
Ce fut lors d’une promenade dans cette belle forêt au-dessus de Marseille, en regardant la falaise, que Marie Madeleine découvrit le visage de son « Rabbouni » inscrit dans la roche. Pour elle, c’est une révélation. Elle restera ici dans la grotte jouxtant cette falaise proche de Celui qui fut sa raison de vivre. Ses allers et retours sur le plateau de la Sainte Baume ne lui servirent qu’à porter les teintures qu’elle confectionnait grâce aux plantes trouvées dans la forêt et à remonter, avec l’aide de son ânesse ce qui lui était nécessaire pour vivre.
De première Apôtre Marie Madeleine devenait première Ermite de l’Eglise et ouvrait la voie à la vie contemplative. La solitude ne la rebutait pas, elle y voyait même un grand attrait, celui de vivre enfin âme contre âme avec le Christ et l’univers céleste, en prières avec Dieu et les anges. De nombreux phénomènes miraculeux accompagnèrent ses prières selon les contes provençaux: elle aurait été transportée dans les airs par les anges jusqu’à plusieurs fois par jour. Elle serait restée ainsi plus d’une dizaine d’années entre la vie contemplative en sa grotte, ses allées et venues sur le plateau de la sainte Baume, les visites de ses amis Maximin, Sidoine et de quelques uns de Marseille. Ils se retrouvaient aussi pour célébrer l’eucharistie.
Vie isolée certes mais pas totalement solitaire, toujours en contact avec le monde des hommes mais de plus en plus en contact avec le monde céleste. Les livres rapportent qu’elle mourut après avoir reçu la communion des mains de Maximin.
Marie Madeleine une Présence toujours Actuelle
Les années se suivirent et nombreux sont ceux qui firent le déplacement à la Sainte Baume pour se recueillir devant les reliques de Marie Madeleine dont une partie se trouve aussi et encore actuellement dans la crypte de la basilique St Maximin élevée sur l’oratoire même ou se retrouvaient les premiers apôtres de Provence pour prier ensemble.
Les rois et les papes s’y succédèrent aussi: en 816, le pape Etienne VI, puis, en 878, le pape Jean VIII s’y rendirent. Le 22 juillet 1254, Saint Louis visita aussi la Sainte Baume à son retour de Croisade. C’est en 1279 que Charles II d’Anjou, Roi de Sicile et Comte de Provence, réalisa les fouilles qui aboutirent à la découverte à Saint-Maximin des reliques de Marie Madeleine. Après six ans de détention à Barcelone, Charles II put mettre en œuvre son projet de construire la basilique pour abriter les reliques. Plus récemment, c’est suite à un pèlerinage à la Sainte Baume que Charles de Foucauld (1858-1916) placera sa vie et sa protection sous le patronage de Marie Madeleine.
Il ne fait nul doute qu’aujourd’hui le pèlerin trouve encore Marie Madeleine, un élan et un réconfort tout céleste à la Sainte Baume. Les visites sont continuelles et nombreuses et le pèlerin attentif trouve là: « Un îlot d’éternité et de pureté où le temps est, dans ces lieux, comme suspendu. Le regard et l’esprit du visiteur sont éveillés et sollicités… lieu de silence, de paix, de purification et de ressourcement,le pèlerin trouve ici l’occasion d’une rencontre avec plus grand, plus profond, plus intime que son être quotidien. » (Marie Madeleine Apôtre et Ermite en Provence) Ph. Devoucoux du Buysson
Les provençaux ont toujours été attentifs à protéger ce lieu particulier; la forêt domaniale est réputée et protégée depuis plusieurs siècles. La hêtraie, la chênaie et la pinède de pins sylvestres y sont remarquables, avec une flore et une faune particulières. Marie Madeleine y trouvait son bonheur!
Marie Madeleine un Message pour Aujourd’hui
Peu importe que Lazare soit ou non dans l’armée avant de rencontrer Jésus, peu importe de savoir si Sarah la noire était servante des Maries ou si elle faisait partie de la communauté de gitans; peu importe que Marie Madeleine ait séjourné 10 ou 20 ans dans la grotte de la sainte Baume ou de savoir si ses reliques ont transité par Vezelay … laissons ces querelles aux historiens.
Ce qui importe pour les chrétiens, c’est le parcours de cette vie: cette ouverture à l’amour du Christ et cette confiance inébranlable dès leur première rencontre; cette Foi en sa Parole et cette envie inaltérable de témoigner… cette recherche de Dieu tout au long de sa vie.
Femme remarquable entre toutes dans les Evangiles, femme pleinement humaine qui a su ouvrir son cœur à la Présence de Dieu et qui en fut grandie pour l’éternité… Lorsqu’elle rencontre Jésus, ce qui la touche particulièrement c’est ce non jugement de sa condition de « pècheresse », le caractère immaculé de la bonté du Christ et de son amour inconditionnel. Une religion naissante bien différente de celle que lui présentent les prêtres et les docteurs de la loi… une religion qui l’accueille comme elle est et qui la relève. Elle se met à son service, et ses talents qui étaient devenus, loin de Dieu, vices et déviances, retrouvent en Jésus leur force, leur vitalité, leur harmonie et leur beauté.
A sa suite laissons nos coeurs s’ouvrir et se transformer en la présence de Dieu.
Si vos pas cet été se dirigent vers le Sud, un peu au-dessus de Marseille, accordez vous le temps de passer à la Sainte Baume, vous ne le regretterez pas. En suivant « le chemin des Rois » (attention ça monte et c’est caillouteux) vous arriverez à la grotte de Marie Madeleine en traversant sa chère forêt. En plus de découvrir un lieu hors du temps empli de céleste présence, vous découvrirez une magnifique randonnée et un panorama somptueux.
Prière
Nous vous en supplions, Père très Miséricordieux, répandez largement sur nous vos Dons, pour que, par l’intercession de la bienheureuse Marie-Madeleine, qui en vivant selon la Parole de notre Seigneur Jésus-Christ a obtenu le pardon de ses péchés et le bonheur de vous contempler dans les cieux, nous soyons rendus dignes des promesses de notre Seigneur Jésus Christ. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec vous en l’unité du Saint Esprit. Amen.
Toi qui as été pardonnée par Jésus, toi qui as beaucoup aimé, montre-nous le chemin de la conversion véritable et de la pureté du cœur. Tu as reconnu la Vérité dans le message de Jésus et a tout quitté pour le suivre: Dans notre vie quotidienne, apprends-nous à partager. Tu te trouvais près de la croix de Jésus avec Marie et Jean : Au cœur de nos épreuves, obtiens-nous la grâce de la foi et de l’espérance. Au matin de Pâques, tu as reçu de Jésus la mission d’annoncer sa résurrection à ses disciples : Aide-nous à croire que la vie est plus forte que la mort, que l’amour triomphe de tout. Sainte Marie-Madeleine, prie pour nous.
Dame Colette Mure
Article écrit avec l’aide :
- Tradition des religieux de Béthanie
- Manuscrit attribué à Raban-Maur (commentaires sur les Ecritures canoniques ou apocryphes – 1er siècle) et découvert par l’Abbé Faillon.
- Visions de Anne Catherine Emmerich (XVIIIème siècle)
- « la légende dorée » de Jacques de Voragine, Archevêque de Gênes et chroniqueur célèbre (XIIIème siècle)
- « Dialogues avec Marie Madeleine sur la montagne de la Sainte Baume » Frère Ph.Devoucoux du Buysson; Dominicain et gardien de la grotte de la Sainte Baume pendant 15 ans (1985-2000).
- « A propos de la découverte des reliques de Sainte Marie Madeleine » M.C Trouillet, archiviste et paléographe (1980)
- « Journal Le Gallican : les premiers Apôtres de la Provence » article de Mgr T.Teyssot (Avril 2007)
- Internet: wikipedia – bible-service.net – saintesmaries.free.fr
- Nos visites avec Robert à la grotte de Marie Madeleine à a Sainte Baume.