Nous nous retrouvons en cette fête de tous les Saints pour participer à l’union du ciel et de la terre, l’union des mondes visibles et invisibles, dans ce jour si particulier qui unit le passé, le présent et l’avenir. Placée à la fin de l’année liturgique, la fête de la Toussaint nous montre une expression de la dimension céleste, elle nous ouvre les portes du Royaume de Dieu. Nous devrions plutôt dire Royauté ou Intimité ou encore proximité du Père, du Très Haut. Elle nous dit que la Bonne Nouvelle annoncée par le Christ, est là, présente dans le monde. Elle nous invite à nous ouvrir à cette réalité.
La vision de Saint Jean, illustre notre participation à cette assemblée céleste. Elle témoigne d’une unité autour de l’autel de Dieu. Elle décrit la louange qui s’élève venant de toute part avec celles et ceux qui approchent de la Gloire du Christ Ressuscité. « Une foule immense que personne n’aurait pu dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples ou dialectes ». C’est l’image de l’humanité toute entière appelée à rejoindre le Père.
Cette vision de Saint jean devient réalité, proximité et actualité dans cette fête de la Toussaint. Nous sommes unit à Dieu, dès ce monde, comme si les limites du temps, étaient abolies en ce jour. Cette proximité des mondes célestes, nous place à proximité des créatures célestes, anges, archanges….
Cette proximité est aussi celle de tous nos morts, de tous ceux « qui sont passés sur l’autre rive ». Nous sommes en ces jours, un peu plus proche d’eux et leur souvenir est très présent, avec des fleurs, des visites dans les cimetières et avec nos prières pour celles et ceux qui s’en sont allés naître au ciel.
Dans cette fête de la Toussaint, la liturgie redit que les morts ne sont pas séparés de nous, de même que les saints et les hiérarchies célestes. Nous sommes tous en marche vers cette unité, désirée comme l’accomplissement de notre humanité.
Dans cette messe, il y aussi l’annonce de l’Evangile avec le passage des Béatitudes, prologue du sermon sur la montagne. Jésus nous invite à entrer dans cette proximité de Dieu en nous disant que Dieu est proche et qu’il est même déjà venu vers nous. «Avec cette annonce, les prophéties du passé et les révélations du présent se prolongent en promesses d’avenir pour tous les siècles » (Gabriel Robin – Sous Ponce Pilate).
Les Béatitudes, c’est l’annonce du Bonheur de la Présence de Dieu, parmi nous. Oui, ce que décrivent les Béatitudes, c’est cette Présence Vivante au coeur des mots. Ce Bonheur, il est là, et le verbe est conjugué au présent, dans la première et dans la huitième strophe. . Ces strophes sont là pour marquer un ici et maintenant, « comme pour souligner la permanente actualité du don que Dieu nous fait ».
Les autres strophes sont écrites au futur « comme pour décliner l’éternité de ce présent dans la succession du temps qui passe. Etre consolé, hériter de la terre promise, être rassasié, obtenir miséricorde, voir Dieu, être appelé Fils de Dieu, c’est faire le tour d’une réalité unique pour en parcourir toutes les facettes ». Tous ceux à qui s’offre la Royauté de Dieu sont différents mais ils se ressemblent aussi comme des frères. Les affligés, les doux, les affamés, les miséricordieux, les cœurs purs, les persécutés sont les visages multiples d’une unique pauvreté, qui n’est pas d’abord une pauvreté d’argent mais qui est une pauvreté existentielle. Cette pauvreté, c’est chacun de nous qui se sent petit, faible, désarmé devant le rouleau compresseur du destin, conscient de sa fragilité devant l’immensité de l’univers et l’infini du temps. Qui n’a jamais éprouvé ce vide, ce manque ou cet abandon devant le spectacle de ce monde » (Gabriel Robin – Sous Ponce Pilate).
Au 1er novembre 2020, ces paroles sont d’une actualité criante pour nombre d’entre nous avec les attentats de Nice et celui de Samuel Paty. Cette expérience est celle de notre condition humaine, Nous sommes cette humanité qui cherche, qui doute et qui est au bord du découragement. La pauvreté existentielle, c’est à cela que Jésus répond en proclamant la proximité du Royaume et l’Amour de Dieu. Oui en écho à nos difficultés, il y a un Bonheur qui est là et que l’on peut toucher sans attendre d’être mort ou d’être saint.
Par le Christ, Dieu s’est fait homme et ainsi Dieu nous prend par la main pour nous faire le cadeau de participer à sa divinité. Mais comment cela est-il possible ? Il faut se convertir, faire sa « métanoïa », ouvrir notre regard, nos oreilles et notre cœur, à cette Présence Vivante qui agit dans le monde. Le message du Christ est toujours vivant et toujours présent à travers les siècles car il s’adresse à cette partie de nous même qui s’enracine dans l’éternité.
Il y a dans les mots de ce jour, un élan et un espoir formidable. Jésus nous parle avec son cœur. Il apporte un réconfort et un apaisement. Pour toutes celles et ceux qui cherchent, le Christ nous dit que notre quête touche à son but. Nous allons trouver le sens véritable de cette vie et le Bonheur qui jaillira de cette découverte sera comme une source vive qui jamais ne se tarit. Recherchez cette Présence divine, dans les célébrations, dans la prière mais aussi dans les différents moments de la vie. Voilà ce qui va nous ouvrir aussi à cette nouvelle réalité. La clé de la Bonne Nouvelle, c’est que le Christ s’est rendu présent à nous et que nous devons à notre tour être présent à lui. Et alors les affligés, les doux, les affamés, les miséricordieux, les cœurs purs, les persécutés que nous sommes trouveront le Bonheur Eternel. Amen