Célébration unité des chrétiens 2009

 

Bulletin paroisse Sainte Claire : Célébration dans la semaine pour l’unité des chrétiens 2010

 

Bulletin paroisse Sainte Claire : Journée Mondiale de Prière 2009

 

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Homélie : Célébration unité des chrétiens 2011

« Ils étaient fidèles à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2,42)

Avec cette parole qui est le thème central de cette semaine de prière des chrétiens, nous retrouvons le souffle de l’Esprit qui animait les premières communautés des chrétiens. Ce n’est pas un hasard, si c’est ce texte tirés des Actes de apôtres qui a été choisit par ceux qui, de tous bords, ont oeuvres à la préparation de ces célébrations oecuméniques de l’année 2011. En effet, ce sont les chrétiens de Jérusalem qui étaient chargés de cette préparation. « L’assemblée de ceux qui croyaient ne faisait qu’un cœur et qu’une âme, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la fraction du pain et dans la prière » Cette phrase que se ponctue l’Eucharistie dans l’Office diaconal de notre Eglise Gallicane. Encore tourné, vers cette élévation de l’âme, elle matérialise, l’état de grâce que nous voudrions voir se prolonger encore et encore. Cette parole nous dit ce vers quoi nous devons tendre et ce à quoi nous pouvons nous raccrocher dans les jours de solitude ou lorsque nous sommes éloignés de la présence à Dieu.

Ce thème d’unité par excellence, nous rappelle les origines de la première Église à Jérusalem ; il appelle à la réflexion et au renouveau, à un retour aux fondements de la foi ; il invite à se remémorer l’époque où l’Église était encore indivise. Quatre éléments sont présentés à l’intérieur de ce thème ; ce furent des traits marquants de la communauté chrétienne primitive et ils sont essentiels pour la vie de toute communauté chrétienne.

– Tout d’abord, la Parole a été transmise par les apôtres.

– Deuxièmement, l’un des traits marquants de la première communauté croyante lorsqu’elle se réunissait, était la communion fraternelle .

– Un troisième trait de l’Église primitive consistait à célébrer l’Eucharistie , la « fraction du pain », en mémoire de la Nouvelle Alliance que Jésus a accomplie à travers sa vie, sa mort et sa résurrection.

– Le quatrième aspect était l’offrande d’une prière continuelle. Ces quatre éléments sont les piliers de la vie de l’Église et de son unité.

La communauté chrétienne de Terre Sainte entend mettre en relief ces éléments fondamentaux et prie Dieu pour l’unité et la vitalité de l’Église répandue à travers le monde. Les chrétiens de Jérusalem invitent leurs soeurs et frères de par le monde à s’unir à leur prière dans leur lutte pour la justice, la paix et la prospérité de tous les peuples de cette terre.

Mais alors me direz vous pourquoi mettre en face à face, cette vision idéale tirées des Actes des Apôtres avec l’Evangile de Matthieu au sujet de l’enseignement sur la colère. C’est comme un véritable coup de poing que l’on reçoit  « Laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier te réconcilier avec ton frère, puis viens alors présenter ton offrande ».

Cette phrase fait partie du discours sur la montagne, où le Christ commence par énoncer sa vision du royaume avec les Béatitudes qu’il décline avec le mot HEUREUX. Puis il se lance dans un long plaidoyer où il nous demande de mettre en accord nos paroles et nos actes sur de nombreux points de nos vies. C’est ce que nous demande le Christ, et pour cela il vient nous bousculer jusque devant l’autel de Dieu.

Il nous dit : notre prière, aussi sincère, aussi forte, aussi belle qu’elle soit, ne nous dispenses pas d’agir pour aller, chaque fois que cela est possible, vers la réconciliation avec ceux avec qui nous sommes en conflits. Biens sur, les conflits, les tensions, les mots un peu forts sont pleinement humains et ils font partie de tout homme et de toute femme .. ou presque. Le Christ le sait bien, lui qui s’est fait homme, lui qui s’est revêtu de notre humanité. Et s’il parle avec des mots aussi intenses c’est qu’il veut insister là où ça fait mal!

Mais enfin, il y va tout de même un peu fort, car pour un mot anodin comme « imbécile » ou « idiot », il nous menace du jugement… et pour ce ressentiment minime, il nous donne l’ordre de quitter la célébration et d’aller se réconcilier avec son frère… comme si cela ne pouvait pas attendre, comme si c’était une question de vie ou de mort.

Alors que le Christ lui-même nous demande cela… il y a quelque chose qui m’interroge. Je me demande vraiment si ces mots n’ont pas aussi un autre sens, si ces mots n’ont pas un sens caché. Comme lorsque le Christ nous parle en parabole. Comme dans l’evangile de Marc quand il nous dit « et si c’est à cause de ton œil que tu tombes dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi entrer dans le Royaume de Dieu avec un seul œil que de garder les deux yeux et d’être jeté en enfer ». Marc 9 – 47 . Le Christ veut-il un monde remplit de borgnes ou d’estropiés… Non surement pas… alors c’est qu’il s’agit d’autres choses.

Un élément de réponse se trouve sans doute dans le dernier verset de cet Evangile, avec ces deux hommes en procès qui doivent se mettre d’accord

 » Si tu es en procès avec quelqu’un, dépêche-toi de te mettre d’accord avec lui pendant que vous êtes encore en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te livre au juge, »

Tiens tiens, et si c’était vraiment une question de vie ou de mort, et si ce chemin n’était pas fait de pierres et de poussières mais si ce chemin était le chemin de la vie… le chemin de nos vies… et ce que le Christ nous dit,  avec des mots chargés d’émotions c’est qu’il ne faut pas laisser la mort mettre un terme à nos querelles car alors nous ne pourrons plus nous jamais nous réconcilier avec ce frère disparu.

Vous savez, dans le deuil d’un être cher, il y a très souvent des douleurs immenses à cause de quelques gros mots de trop ou alors de quelques petits mots d’affections qui eux n’ont jamais été prononcés à temps.

Oui mes frères et mes soeurs, je crois que le Christ dans cet Evangile nous parles simplement de notre manque d’amour, de cet amour qui manque, de cet amour qui fait défaut. Et il nous dit avec force qu’il n’y a rien de plus urgent et de plus important serait ce à l’échelle de toute une vie.

Si nous laissons traîner ces brouilles et ses discordes, souvent faites de petites choses, lorsque survient la mort brutale et sans le temps pour la réconciliation alors c’est un poids énorme sur l’âme de celui qui reste. C’est une blessure profonde qui pèse comme une entrave. Alors pendant qu’il est encore temps, car nous ne savons ni le jour ni l’heure, faisons ce premier pas. Allons dire à ce frère, à cet ami, à ce proche : oublie cela, mon amitié ou mon amour pour toi est plus grand que notre « bisbille ».

Et si vous parlez à un psychologue de cette question. Bien sur, il ne se placera pas sur le plan spirituel, mais il vous dira les dégâts immenses de ces non-dits, de ces silences, des ces réconciliations impossibles  et de ces deuils inconsolables psychologiquement.

Le Christ dans cet Evangile agit en thérapeute des blessures de l’âme. Si le Christ insiste tant sur cette réconciliation avec nos frères, c’est qu’elle est l’image terrestre de notre propre réconciliation avec le Père. Nos brouilles terrestres sont autant de parasites, pour employer une métaphore télévisuelle sur notre réconciliation céleste.

Voici un premier message, celui de l’urgence de faire le premier pas vers la réconciliation. Car le Christ ne nous dit pas si délaissant la célébration et nous rendant chez ce frère nous y sommes bien reçu. Ce qui compte le plus semble t il pour le Christ c’est de s’ouvrir à cette dimension et de commencer à la mettre en œuvre.

Mais il y aussi un autre message que nous adresse nos frères chrétiens de Jérusalem. C’est le message de leur douleur à eux, douleur d’une réconciliation à ce jour encore impossible entre israéliens et palestiniens. Même si une personne veut franchir le fossé qui sépare ces deux peuples, elle ne le peut pas car elle est mise au banc de toute la société. Les uns lui crie « traite » et les autres lui réponde « ennemi ». Dans cette partie du Moyen-orient, comme en Egypte ou comme en Irak, pour les chrétiens comme pour les autres communautés la réconciliation est bloquée,  voir impossible car elle échappe à la simple relation interpersonnelle.

Je suis touché par ce message car je me dis, ici, en France nous avons de la chance car nos réconciliations dépendent encore principalement de nous et de nous seuls… Cependant, je vois une société qui bouge à toute vitesse et des tensions de plus en plus nombreuses apparaissent entre différentes communautés? Ce qui est possible aujourd’hui, le sera t il encore demain ? Je n’ai pas la réponse et je vous laisses le soins d’y réfléchir et d’y agir.

Enfin le troisième message qui nous est adressé, c’est de rendre vivante cette parole des Actes des Apôtres : « L’assemblée de ceux qui croyaient ne faisait qu’un cœur et qu’une âme, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la fraction du pain et dans la prière ». Cette parole est bien plus que la description idyllique d’une situation qui n’a sans doute durée que peu de temps. Mais en méditant cette parole, c’est tout l’Esprit des apôtres et des premières communautés qui transmettent cette énergie vivante de l’expérience de la Présence à Dieu.

A travers ces mots il y a une force véritable qui nous est transmise :

Force de l’origine de la chrétienté

Force de l’Esprit apostolique

Force vivante du Christ vivant

et Force de réconciliation

Car ces deux textes mis en avant dans cette délébration ne sont pas en opposition, mais ils sont l’expression indissociable de deux aspects de la Réconciliation : réconciliation terrestre et communion céleste mais aussi union terrestre et réconciliation céleste.

En cette soirée de célébration œcuménique, laissons nous toucher au plus profond de nous par la vibration de ces mots. Laissons nous toucher par la force de l’émotion qui émane de cet Evangile et ressentons cet appel à la transformation intérieure.

Par la prière, demandons à Dieu de nous accorder cette force de transformation. Et avec cette force nous pourrons tout d’abord

– faire la paix en nous mêmes

– puis avancer vers cette réconciliation qui nous est demandée par le Christ.

La grande réconciliation de tous les peuples doit prendre racine dans toutes nos petites réconciliations au quotidien? Elle passe par chacun de nous. La célébration de ce soir fait partie de ces instants d’unité et de partage dans la prière qui construisent l’Eglise Universelle. Que la joie de ce partage nous accompagne longtemps dans chacune de nos communautés montbrisonnaises. Et que cette méditation  sur la réconciliation, venue des chrétiens de la Jérusalem terrestre nous soit comme un reflet de la réconciliation éternelle, qui nous est promise à tous et à toutes dans la Jérusalem Céleste . Amen.

Père Robert Mure

janvier 2011

 

Texte biblique       (Ac 2, 42-47)

Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis et mettaient tout en communion. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous, selon les besoins de chacun. Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au Temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut.

 

Lecture du Saint Evangile selon Saint Matthieu (5 21-26)

« Vous avez entendu qu’il a été dit à nos ancêtres : «Tu ne commettras pas de meurtre ; tout homme qui en tue un autre mérite de comparaître devant le juge.»  Eh bien, moi je vous déclare : tout homme qui se met en colère contre son frère mérite de comparaître devant le juge ; celui qui dit à son frère : «Imbécile !» mérite d’être jugé par le Conseil supérieur ; celui qui lui dit : «Idiot !» mérite d’être jeté dans le feu de l’enfer.Si donc tu viens à l’autel présenter ton offrande à Dieu et que là tu te souviennes que ton frère a une raison de t’en vouloir, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord faire la paix avec ton frère ; puis reviens et présente ton offrande à Dieu. « Si tu es en procès avec quelqu’un, dépêche-toi de te mettre d’accord avec lui pendant que vous êtes encore en chemin. Tu éviteras ainsi que ton adversaire ne te livre au juge, que le juge ne te remette à la police et qu’on ne te jette en prison. Je te le déclare, c’est la vérité : tu ne sortiras pas de là tant que tu n’auras pas payé ta dette jusqu’au dernier centime. »

 

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Charles Maurras : 1939 pour comprendre 2009

Ces dernières semaines, plusieurs articles sont parus dans la presse pour évoquer un anniversaire particulier… celui du retour en grâce de l’Action Française. Ce mouvement est apparu à la fin du 19e siècle dans les bouleversements de la société française : disparition de l’ancien régime, laïcité naissante, république incertaine, démocratie balbutiante, anarchie, attentats, scandales… etc

« nationalisme tourneboulé par les affaires et scandales financiers… patriotisme exacerbé contre les fauteurs de désordre : les juifs, les protestants, la République » (1) (On pourrait ajouter à cette liste les francs-maçons, les métèques et sans doute les gallicans de Mgr Giraud ).

L’Action Française prend naissance, en 1899, dans ce terreau fertile « en faveur des structures d’ordre : armée, Eglise, monarchie » (2). Elle est bientôt animée par Charles Maurras qui défend dans son livre « l’amour de la vraie France, aux français de France » (3). cette devise n’est pas sans rappeler la formule plus récente d’un parti politique : « la France aux français ».

Maurras ne veut voir dans le catholicisme romain que la dimension politique de l’Eglise avec le maintien de l’ordre établi et de l’ordre social. Il trouve que « le catholicisme (romain) a adouci le « venin » révolutionnaire de l’Evangile: la grandeur du catholicisme romain est d’avoir purgé l’Eglise du venin du Magnificat. » (4) et voir citation (8). Maurras a le Christ en horreur, mais il va influencer de façon profonde de nombreux catholiques car ils trouvent dans l’Action Française une alliée contre les forces de la République de Waldeck-rousseau et d’Emile Combes. C’est dans cette alliance particulière que se fondent les racines de l’intégrisme catholique français. Elles y rejoignent le catholicisme dit « intégral » et ultramontain issue de Pie IX.

L’Action Française a été condamnée par Rome en 1926 mais ces sanctions ont été levées en juillet 1939 par le pape Pie XII. C’est cette même pensée que l’on retrouve, en 1940, en action dans le gouvernement de Vichy.

« L’essentiel pour ces esprits est que les méchants démocrates soient hors la loi. En Vichy , nous assistons au croisement de l’attitude intégriste et du comportement maurrassien, de l’intégrisme catholique et du nationalisme intégral, sainte alliance qui tenta d’imposer un ordre moral avec l’appui et la complicité d’une Eglise institutionnelle… » (5)

« tous les pétainistes n’étaient pas maurrassiens mais tous les maurrasiens étaient pétainiste » (6).

« Le maurrrassisme nationaliste, antiparlementaire, antisémite, et anti-oecuménique se veut un rempart contre la IIIe République, dévoyée et anticléricale et se répand comme traînée de poudre dans les rangs du clergé et des intellectuels français jusqu’au niveau le plus élevé » (7).

Charles Maurras sera condamné après la guerre pour collaboration mais son oeuvre nourrira d’autres mouvements (OAS, Salazar …). Dans cette origine, se trouvent aujourd’hui des clés de compréhension sur l’attitude et les paroles de Mgr Williamson, de l’archevêque de Récife et même du pape. Cette pensée se situe dans une vision où les paroles du pape et le droit canon priment sur l’Evangile et les paroles du Christ. Cette pensée se situe dans une vision d’une Eglise plus importante que l’Evangile !!! C’est dans cette pensée, qui n’a plus de catholique que le nom, que se présentent encore aujourd’hui les héritiers de Maurras avec les mêmes refus de liberté de conscience et de liberté de pensée.

Ces courants sont divers et variés mais ils se structurent toujours autour d’un refus de la modernité, des autres religions (oecuménisme) et dans une radicalité qui prône la prédominance absolue d’une Eglise « politique » sur une Eglise « spirituelle ».

Pour notre Eglise gallicane, interdite sous Vichy, ces valeurs ne sont pas et ne seront jamais les nôtres. Mais il est important de comprendre que le cadavre de Maurras « bouge encore » dans l’Europe de 2009. Le combat des gallicans est plus que jamais d’actualité. Les différentes déclarations de ces derniers mois ne doivent rien au hasard, les mêmes arbres produisant toujours les mêmes fruits.

Je conclus cet article un peu historique sur un coup de téléphone reçu à la fin du mois de mai. Une personne fréquentant la chapelle Saint Michel Archange de Montbrison nous a annoncé son désir de ne plus s’associer à nos cérémonies car elle ne veut plus des références catholiques… à cause des déclarations de ces derniers mois. Benoit XVI et sa vision d’une Eglise plus importante que l’Evangile éloigne les fidèles… même gallicans.

Père Robert Mure

1) Golias n° 125 : Le retour de l’Action française : citations 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 8

2) , 3), 4), 5), 8) : idem

6) Le Monde des religions n° : aux sources de l’intégrisme catholique

7) : idem

8) : Au début des années 80, à l’occasion de son voyage en Argentine sous la dictature militaire du général Videla, Jean Paul II tronquera le Magnificat des fameux versets : « Il disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il renvoie les riches les mains vides… « 

 

Note de Mgr Thierry Teyssot dans Le Gallican

En complément à l’article rédigé par Père Robert, je crois utile de rappeler deux choses :

 1) Lors de la seconde guerre mondiale, Mgr Giraud avait mis à la porte les partisans de la collaboration venus lui proposer la restitution des églises détenues jadis par le mouvement des cultuelles de 1907 en échange d’une prise de position en faveur de l’occupant nazi. En juin 1940 le journal Le Gallican se sabordait, il ne reparaîtra qu’à la Libération.

 2) Le journal Le Gallican de janvier 1947 précisait aussi :

 » Qu’on réfléchisse, par exemple, dans quelle situation se serait placée l’Eglise Gallicane si, en 1927, lors de la brouille entre la Papauté et l’Action Française, elle avait répondu au voeu des excommuniés. Grâce à leur appoint elle aurait connu, dans certaines régions du moins, un essor rapide. Sa caisse se serait remplie. Mais que se serait-il passé ensuite ? Soit, en 1939, lors de la réconciliation entre l’Action Française et Rome ? Soit, en 1944, après le procès Maurras ? C’eût été l’effondrement et la ruine de 28 ou de 33 ans d’efforts. »

 Et Mgr Giraud concluait :

 » La leçon de l’Histoire est donc là, patente. Elle affirme hautement qu’une Eglise Gallicane ne pourra s’organiser, vivre, croître et durer qu’à la seule condition d’être totalement indépendante des pouvoirs publics, des cadres et des partis. Et aussi qu’il ne faut point aller demander à Moscou ce qu’elle refuse à Rome. L’Eglise Gallicane, sans doute, est peu importante. On peut compter ses fidèles, ses sympathisants, ses clercs, ses lieux de culte… Et après? L’essentiel demeure pour elle de demeurer indépendante et libre. C’est en cela que malgré sa faiblesse matérielle, qu’elle ne songe d’ailleurs pas à masquer, réside toute sa force d’attraction en puissance. »

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Irénée, saint Patron de l’Eglise Gallicane

Irénée est une figure marquante des premiers siècles de l’Eglise. Il est fêté le 28 juin en Occident et le 23 août en Orient. Irénée est considéré comme un Père de l’Eglise. Il fut évêque de Lyon au IIe siècle, mourut en martyr et fut canonisé (Saint Irénée).

Les pères se veulent les fils des apôtres et sont eux aussi des artisans de l’évangélisation. Ils parlent et écrivent dans la langue usuelle de leur milieu (le grec, le latin ou le syriaque). Leur enseignement rayonne sur tout le pourtour du bassin méditérranéen. Ils sont les pionniers de la pensée chrétienne et ces écrivains n’ont pas d’autres sources que les Saintes Ecritures elles-même pour nourrir leur intelligence de la Foi. « L’enseignement des pères,… est unique et exemplaire, car ils sont des sources qui toujours permettent de remonter à la Source divine. » (1)

 Biographie

Grec de naissance, il est né en Asie Mineure, sans doute à Smyrne (Turquie) vers 130-135. Dans sa jeunesse, il rencontre le saint Evêque Polycarpe dont il devient disciple. Saint Polycarpe appartient au groupe des Pères apostoliques qui sont disciples immédiats des apôtres. Né vers 70, il a suivi les leçons de Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus (2). Cet amour donne à la vision mystique de Saint Jean une qualité unique où le monde est vu dans une dimension optimiste, non pas de l’inconscience du mal, mais de la certitude du Salut. Irénée apparaît comme le dernier représentant de ce cercle réduit qui eut pour centre l’amour de Jean et du Christ (3).

Irénée est un homme d’une culture remarquable, il est sans doute déjà prêtre quand il arrive en Gaule pour y répandre la foi catholique. Il retrouve une colonie de ses compatriotes à Lyon qui est alors une capitale et un centre commercial important. Les évêques d’Asie ayant condamné les Montanistes, Irénée fut envoyé auprès du Pape Éleuthère pour demander qu’on soit indulgent à leur endroit. Ce voyage lui évita, par ailleurs, d’être victime de la terrible persécution dont furent alors victimes les chrétiens de Lyon (177-178). A son retour, le vieil évêque Pothin était mort avec Sainte Blandine en martyrs, et Irénée fut élu pour lui succéder.

Irénée en grec ancien se traduit par, « paisible ». Il porte bien son nom d’homme de paix, comme par exemple quand il intervient auprès du pape pour le dissuader d’excommunier une partie de l’Église d’Asie qui veut célébrer Pâques à sa propre date. Rien n’oblige d’imposer l’uniformité, soutenait-il, car : « La différence du jeûne confirme l’accord de la foi ».

Irénée est surtout connu par ses écrits. « Contre les hérésies » (4), où face aux allégations des gnosticismes, Irénée s’en tient aux données biblique et à l’enseignement évangélique reçu des apôtres et transmis par la règle de foi (résumé des vérités essentielles). Il écrit aussi : « Démonstration de la prédication apostolique et ses preuves », qui est un catéchisme de la foi catholique. Il meurt à Lyon en 202. D’après la tradition, il meurt en martyr bien qu’il n’y ait pas de preuves formelles. Cette thèse s’appuie sur des témoignages de Jérôme au Ve siècle et de Grégoire de Tours au VIe siècle.

 L’Enseignement d’Irénée

Au IIème siècle, les écrits gnostiques se développent de façon considérable et c’est pourquoi Irénée s’y est opposé en adversaire décidé. Les gnosticismes sont des doctrines d’intellectuels mal convertis qui utilisent, exploitent et finalement détournent les Saintes Ecritures en prétendant offrir à une élite des connaissances supérieures sur Dieu et l’univers.

Irénée développe un argumentaire, chez lui l’autorité des Ecritures est absolue : la Bible suffit pour connaître Dieu et son œuvre, toute spéculation supplémentaire est vaine. Face au dualisme fondamental des gnostiques, Irénée affirme l’unité de la foi, de celle de l’Eglise et soutient que l’écriture révèle un plan de Dieu pour le salut des hommes (5). Le dessein du divin qui se déploie à travers l’histoire du salut prend sa source dans la Trinité et conduit l’homme de la création à sa glorification, dans la vision de Dieu. La vraie gnose (6) nous fait connaitre non le mystère même de Dieu mais la création, qui est l’oeuvre de son amour pour l’homme. La création entière est donc bonne, la matière y comprise et apte au Salut : « Le Verbe de Dieu, poussé par l’immense amour qu’il vous portait, s’est fait ce que nous sommes afin de nous faire ce qu’il est Lui-même. » (7)

 

Pour Irénée, l’homme n’est pas un esprit chuté dans un corps, mais un corps « pneumatisé » par l’Esprit, garant de son unité et de son incorruptibilité. L’homme est à l’image de Dieu car modelé dans son corps à l’image du Fils « qui devait naître ». La montée lente et progressive de l’homme et sa responsabilité dans cette ascension, le conduit vers la ressemblance parfaite avec Dieu. La pédagogie divine consiste à préparer l’homme à sa visite sans l’effaroucher pour le disposer à l’accueillir et à entrer en communion avec lui.

La connaissance est pour Irénée, un amour et une divinisation de l’homme dans la personne du Christ. Rompant avec la dualité du corps et de l’âme, Irénée développe la doctrine de Saint Jean du « Verbe fait chair » pour interpréter le sens de la vocation de l’homme : « Il a donné Son âme pour notre âme et Sa chair pour notre chair, et Il a répandu l’Esprit du Père pour opérer l’union et la communion de Dieu et des hommes, faisant descendre Dieu dans les hommes par l’Esprit et monter l’homme jusqu’à Dieu par Son Incarnation ». (8)

La venue du Christ dans la théologie primitive, n’est nullement liée au péché mais prévue « dès l’origine du monde ». L’histoire se présente comme une préparation de la venue du Fils « partout semé dans l’Ecriture, parlant à Abraham, à Moïe, à David ». Jésus est pour Irénée, le centre lumineux, à partir duquel s’éclaire toute la ligne du temps.

L’action du Christ se poursuit par celle de l’Esprit : « Car là où est l’Eglise, là est aussi l’Esprit de Dieu; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute la grâce. Et l’Esprit, c’est la Vérité » (9). La foi a été semée en nous, elle lève en charité et mène l’homme à la vision de Dieu. Chez Irénée, l’Eucharistie est le dernier volet de l’histoire du salut. Le pain et le vin, fruit de la terre et du travail des hommes, sont le reflux de la création entière vers le père. Pour Irénée la splendeur de l’Eucharistie ne tient pas seulement au fait que les éléments sont le corps et le sang du Christ, mais aussi au fait que le pain et le vin sont capables de produire ces réalités divines. Ainsi il veut nous dire, que dans l’Eucharistie nous voyons le monde comme Dieu le voit.

Face à ceux qui voulaient l’Ecriture seule Saint Irénée défend aussi la Tradition de l’Église, transmise par les apôtres et fondée sur la « règle de vérité » qui est la foi contenu dans le CREDO. C’est une théologie de l’institution ecclésiale : la transmission de l’enseignement des Apôtres et la succession apostolique donnent autorité à la doctrine et qui garantissent la conformité avec la révélation.

Irénée est le premier auteur d’une Somme de théologie chrétienne sûre de ses principes et capable d’en donner une démonstration impeccable. Pour lui, toute spéculation chrétienne doit se régler sur le credo baptismal, tel qu’il a été conservé et transmis dans l’Église depuis les origines.

Par sa théologie et par sa vie, Saint Irénée, incarne la source de l’Esprit Gallican qui dans un retour aux principes des premiers chrétiens cherche à retrouver la communion première avec Dieu.

  • la Foi au Credo
  • la force de l’Ecriture et de la Tradition
  • l’autorité liée à la succession Apostolique des apôtres
  • la dimension de l’homme, habité par l’Esprit et en retour vers le Père comme accomplissement de la création toute entière
  • la révélation des Ecritures donnée à tous et non réservée à une élite
  • la splendeur de l’Eucharistie
  • la poursuite de l’enseignement de l’apôtre Jean

Irénée, est un Saint Patron, qui nous plonge aux racines apostoliques de la foi chrétienne. L’Eglise Gallicane lui témoigne son attachement avec le Trypique qui surmonte l’Autel de la Primatiale Saint Jean-Baptiste de Bordeaux. Aux cotés du Christ en gloire, Saint Irénée, du coté de Epître, est représenté sous les traits de Monseigneur Irénée d’Eschevannes (10). Ainsi représenté par Monseigneur Tugduald, Evêque de l’Eglise Celtique de Bretagne, l’Esprit de Saint Irénée se place à la tête de notre Eglise et nous indique la voie qui permet de remonter à la Source Divine.

Père Robert Mure – Chapelle Saint Michel Archange – Montbrison

 

1) Pour lire LES PERES DE L’EGLISE, Adalbert-G. Hamman, nouvelle édition revue et augmentée par G. Bady, Les éditions du cerf, Paris 2007, p7.

2) Lettre d’Irénée à Florinius dans EUSEBE DE CESARÉE Histoire ecclésiale V, 20, trad. G. Bardy modifiée, « sources chrétiennes » 41, Cerf, Paris 1955, p62.

3) Dictionnaire historique des Saints, John Coulson Socité d’édition de dictionnaires et encyclopédies, Paris 1935

4) Contre les hérésies, trad. A. rousseau, « Sources chrétiennes » 264 Cerf, Paris 1979

5) Pour lire LES PERES DE L’EGLISE, Adalbert-G. Hamman, nouvelle édition revue et augmentée par G. Bady, Les éditions du cerf, Paris 2007, p28

6) La gnose, mot grec qui signifie connaissance n’est nullement une notion suspecte. Le sens qui lui est donnée dans la prière de la Didachè représente une expérience de Dieu plus qu’une connaissance intellectuelle.

7) Contre les hérésies, trad. A. rousseau, « Sources chrétiennes » 264 Cerf, Paris 1979

8) idem 7

9) idem 7

10) Site internet de l’Eglise : www.gallican.org

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Marie Madeleine… toi qui as choisi la meilleure part. (Luc 10,42)

Marie Madeleine, ou Marie la Magdaléenne ou encore Marie de Magdala est pour l’Eglise chrétienne une disciple de Jésus. Elle serait née en l’an 3, de parents nobles. Fille d’un archiprêtre officiant à la synagogue de Capharnaum et d’Eucharie, femme d’une lignée royale d’Israël. Elle est originaire de Magdala proche du lac de Tibériade.

Ses parents possédaient une vaste contrée comprenant Magdala, voisine de Genézareth, Béthanie près de Jérusalem et une grande partie de la ville même de Jérusalem. Cette vaste possession fut partagée entre leurs enfants: Marie, Marthe et Lazare. Lazare eut la partie de Jérusalem, Marthe reçut Béthanie tandis que Marie possédait la place forte de Magdala. C’était à ce moment-là une jeune fille riche et belle, un peu oisive, profitant de la vie et de ses attraits, préférant les fêtes à l’administration de ses biens. Lazare servait dans l’armée. Marthe s’occupait donc de gérer leurs biens et leurs domaines de son mieux.

Marie Madeleine Disciple de Jésus

La tradition catholique l’assimile depuis Grégoire Le Grand (Pape 590-604 et Docteur de l’Eglise) à la « pécheresse » délivrée de sept démons par le Christ chez « Simon le pharisien » après que pleurant elle lui eut essuyé les pieds de ses cheveux et de ses larmes (Luc 7, 36-38). Elle devint ensuite une disciple fidèle et le suivit jusqu’à sa mort. C’est encore elle qui répandit sur Jésus un parfum de grand prix lorsqu’il est à table chez « Simon le lépreux » quelques jours avant sa mort sur la croix. (Matt. 26, 6-7). La connaissance de ses biens et de son attachement à Jésus nous permet de mieux comprendre comment elle était en possession de parfum précieux et pourquoi elle le répandit sur Jésus.

Elle est la femme la plus présente du Nouveau Testament, celle dont on devine, au long des Evangiles, le parcours et la transformation intérieure. Marie Madeleine est une des femmes proches de Jésus; elle écoute aussi ses enseignements (Luc 10, 38-39) et lui témoigne sa confiance. Beaucoup d’attentions de Jésus à son égard nous sont rapportées par les Evangiles: le Pharisien Simon s’étonnait de voir qu’un prophète se laisse toucher par elle. Le Seigneur le blâma de son orgueilleuse justice, et dit que tous les péchés de cette femme lui sont remis (Luc 7,39-48). Il daigna demeurer chez elle. Il la défendit devant sa sœur Marthe, qui l’accusait de paresse et d’inaction (Luc 10, 40-42), et devant Judas, qui lui reprochait sa générosité (Marc 14, 3-6). C’est encore par amitié pour elle et Marthe qu’il ressuscita leur frère, mort depuis quatre jours (Jean 11, 1-43). Un lien les unissait particulièrement: elle le comprenait peut-être davantage que les autres disciples grâce à sa sensibilité féminine. De nos jours, on dirait « Ils sont sur la même longueur d’ondes ». C’est aussi sa tendresse pour Jésus et sa Foi en son message qui la font venir aussi vite au tombeau le matin de Pâques et rester là alors même que la pierre est roulée. Elle veut comprendre où est passé le corps de son « Rabbouni » (Petit Maître – en araméen). Et c’est… parce que c’est son cœur et sa foi en sa Parole qui le cherchent autant que son intelligence… qu’elle le voit… devant elle … dans la lumière de son corps glorieux… (Jean 20, 11-16) … et sa vie en est définitivement transformée.

Marie Madeleine Apôtre du Christ

Première à être témoin de la résurrection de Jésus, elle ira l’annoncer aux disciples (Marc 16, 9-11). Première aussi à recevoir la mission d’apôtre: lorsque Jésus lui apparaît dans sa gloire de ressuscité il lui dit : « Va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu ». (Jean 20;17)

Lazare et Marthe n’étaient pas présents avec les apôtres à Jérusalem car depuis sa résurrection Lazare devait se cacher de peur d’être arrêté. Les disciples de Jésus se cachaient aussi et la mort du Christ les avait anéantis. En qui avaient-ils cru ? Où était celui qui devait relever le monde par sa royauté ? Ils ne voyaient que mort et désolation. Le paradoxe de la croix est de faire éclater la Vérité à tous, au moment même ou les mensonges amenant à la crucifixion semblent triompher. Il fallut cependant le témoignage de Marie Madeleine, l’apparition aux témoins d’Emmaüs, la présence du Christ ressuscité parmi les apôtres jusqu’à l’ascension pour leur redonner courage et affermir leur foi. Il fallut aussi toutes les grâces de l’Esprit-Saint à Pentecôte afin de les confirmer dans leur mission et leur donner la force de l’accomplir.

Les apôtres et disciples organisaient peu à peu leurs rencontres et la première Eglise chrétienne, tout en se méfiant de ne pas se faire arrêter. Etienne, diacre, fut lapidé; ce fut le premier martyr chrétien (Actes 7, 54-60). Devant les miracles qu’ils accomplissaient au nom de Jésus Christ, Fils de Dieu et devant le monde qu’ils amenaient à la Foi chrétienne par leurs prédications, le roi Hérode Agrippa mis en place à Jérusalem par ses amis les empereurs Caligula et Claude recommença à persécuter les chrétiens pour plaire aux responsables juifs. Il fit emprisonner Pierre et décapiter Jacques (Actes 12;1-5).

C’est certainement devant cette nouvelle vague de persécution que Marie-Jacobé et Marie-Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), Marthe, Parménas, Marcelle leur servante, Marie Madeleine, Maximin (jeune disciple de Jésus), Sidoine (l’aveugle né) décidèrent de s’exiler par un navire qui faisait la liaison entre la Palestine et Narbonne. Ce devait être en l’année 43. Le débarquement de ce petit groupe se fit à l’embouchure du Rhône et fut recueilli par une troupe de gitans qui devinrent les premiers convertis à la nouvelle religion. Sarah la gitane, Marie-Jacobé et Marie-Salomé restèrent au bord de la mer dans ce village qui allait devenir les Saintes Maries de la Mer. Le reste du groupe poursuivit sur Arles où il retrouva des hommes et femmes s’étant déjà convertis à Jésus, partageant leurs biens, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité.

Les voies maritimes reliaient déjà les pays entre eux et les nouvelles allaient avec. Dans le sud de la France par les marins, les événements de Palestine étaient connus et certains avaient déjà adopté cette nouvelle religion. Le groupe continua sur Marseille où il séjourna chez des personnes rencontrées en Palestine, avant de s’installer sur la ville pour travailler et prêcher. Marie Madeleine connaissait les plantes, l’art de confectionner des encens et des parfums ce qui lui permit d’aider au temple. Sa position sociale en Palestine lui permit de rencontrer sur Marseille des personnes de la diaspora juive qui les aidèrent à s’établir. Sidoine se fit embaucher comme pêcheur. Grâce à tous, à leur travail et à cet environnement d’amitié, leur évangélisation touchait toutes les couches sociales de la ville. Ils y restèrent 2 ou 3 ans avant d’être rejoint par Lazare, arrivant de Chypre, qui prit la responsabilité de la communauté chrétienne de Marseille dont il devint l’Evêque. Par sa présence et son autorité, il réunifia certaines dissidences naissantes.

Maximin et Sidoine se déplacèrent sur Aix en Provence pour continuer leur chemin d’évangélisation…. tandis que Marie Madeleine se retirait en la grotte de la Sainte Baume pour terminer sa vie en prières.

 Marie Madeleine Ermite à la Sainte Baume

Ce fut lors d’une promenade dans cette belle forêt au-dessus de Marseille, en regardant la falaise, que Marie Madeleine découvrit le visage de son « Rabbouni » inscrit dans la roche. Pour elle, c’est une révélation. Elle restera ici dans la grotte jouxtant cette falaise proche de Celui qui fut sa raison de vivre. Ses allers et retours sur le plateau de la Sainte Baume ne lui servirent qu’à porter les teintures qu’elle confectionnait grâce aux plantes trouvées dans la forêt et à remonter, avec l’aide de son ânesse ce qui lui était nécessaire pour vivre.

De première Apôtre Marie Madeleine devenait première Ermite de l’Eglise et ouvrait la voie à la vie contemplative. La solitude ne la rebutait pas, elle y voyait même un grand attrait, celui de vivre enfin âme contre âme avec le Christ et l’univers céleste, en prières avec Dieu et les anges. De nombreux phénomènes miraculeux accompagnèrent ses prières selon les contes provençaux: elle aurait été transportée dans les airs par les anges jusqu’à plusieurs fois par jour. Elle serait restée ainsi plus d’une dizaine d’années entre la vie contemplative en sa grotte, ses allées et venues sur le plateau de la sainte Baume, les visites de ses amis Maximin, Sidoine et de quelques uns de Marseille. Ils se retrouvaient aussi pour célébrer l’eucharistie.

Vie isolée certes mais pas totalement solitaire, toujours en contact avec le monde des hommes mais de plus en plus en contact avec le monde céleste. Les livres rapportent qu’elle mourut après avoir reçu la communion des mains de Maximin.

 Marie Madeleine une Présence toujours Actuelle

Les années se suivirent et nombreux sont ceux qui firent le déplacement à la Sainte Baume pour se recueillir devant les reliques de Marie Madeleine dont une partie se trouve aussi et encore actuellement dans la crypte de la basilique St Maximin élevée sur l’oratoire même ou se retrouvaient les premiers apôtres de Provence pour prier ensemble.

Les rois et les papes s’y succédèrent aussi: en 816, le pape Etienne VI, puis, en 878, le pape Jean VIII s’y rendirent. Le 22 juillet 1254, Saint Louis visita aussi la Sainte Baume à son retour de Croisade. C’est en 1279 que Charles II d’Anjou, Roi de Sicile et Comte de Provence, réalisa les fouilles qui aboutirent à la découverte à Saint-Maximin des reliques de Marie Madeleine. Après six ans de détention à Barcelone, Charles II put mettre en œuvre son projet de construire la basilique pour abriter les reliques. Plus récemment, c’est suite à un pèlerinage à la Sainte Baume que Charles de Foucauld (1858-1916) placera sa vie et sa protection sous le patronage de Marie Madeleine.

Il ne fait nul doute qu’aujourd’hui le pèlerin trouve encore Marie Madeleine, un élan et un réconfort tout céleste à la Sainte Baume. Les visites sont continuelles et nombreuses et le pèlerin attentif trouve là: « Un îlot d’éternité et de pureté où le temps est, dans ces lieux, comme suspendu. Le regard et l’esprit du visiteur sont éveillés et sollicités… lieu de silence, de paix, de purification et de ressourcement,le pèlerin trouve ici l’occasion d’une rencontre avec plus grand, plus profond, plus intime que son être quotidien. » (Marie Madeleine Apôtre et Ermite en Provence) Ph. Devoucoux du Buysson

Les provençaux ont toujours été attentifs à protéger ce lieu particulier; la forêt domaniale est réputée et protégée depuis plusieurs siècles. La hêtraie, la chênaie et la pinède de pins sylvestres y sont remarquables, avec une flore et une faune particulières. Marie Madeleine y trouvait son bonheur!

Marie Madeleine un Message pour Aujourd’hui

Peu importe que Lazare soit ou non dans l’armée avant de rencontrer Jésus, peu importe de savoir si Sarah la noire était servante des Maries ou si elle faisait partie de la communauté de gitans; peu importe que Marie Madeleine ait séjourné 10 ou 20 ans dans la grotte de la sainte Baume ou de savoir si ses reliques ont transité par Vezelay … laissons ces querelles aux historiens.

Ce qui importe pour les chrétiens, c’est le parcours de cette vie: cette ouverture à l’amour du Christ et cette confiance inébranlable dès leur première rencontre; cette Foi en sa Parole et cette envie inaltérable de témoigner… cette recherche de Dieu tout au long de sa vie.

Femme remarquable entre toutes dans les Evangiles, femme pleinement humaine qui a su ouvrir son cœur à la Présence de Dieu et qui en fut grandie pour l’éternité… Lorsqu’elle rencontre Jésus, ce qui la touche particulièrement c’est ce non jugement de sa condition de « pècheresse », le caractère immaculé de la bonté du Christ et de son amour inconditionnel. Une religion naissante bien différente de celle que lui présentent les prêtres et les docteurs de la loi… une religion qui l’accueille comme elle est et qui la relève. Elle se met à son service, et ses talents qui étaient devenus, loin de Dieu, vices et déviances, retrouvent en Jésus leur force, leur vitalité, leur harmonie et leur beauté.

A sa suite laissons nos coeurs s’ouvrir et se transformer en la présence de Dieu.

Si vos pas cet été se dirigent vers le Sud, un peu au-dessus de Marseille, accordez vous le temps de passer à la Sainte Baume, vous ne le regretterez pas. En suivant « le chemin des Rois » (attention ça monte et c’est caillouteux) vous arriverez à la grotte de Marie Madeleine en traversant sa chère forêt. En plus de découvrir un lieu hors du temps empli de céleste présence, vous découvrirez une magnifique randonnée et un panorama somptueux.

 Prière

Nous vous en supplions, Père très Miséricordieux, répandez largement sur nous vos Dons, pour que, par l’intercession de la bienheureuse Marie-Madeleine, qui en vivant selon la Parole de notre Seigneur Jésus-Christ a obtenu le pardon de ses péchés et le bonheur de vous contempler dans les cieux, nous soyons rendus dignes des promesses de notre Seigneur Jésus Christ. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec vous en l’unité du Saint Esprit. Amen.

Toi qui as été pardonnée par Jésus, toi qui as beaucoup aimé, montre-nous le chemin de la conversion véritable et de la pureté du cœur. Tu as reconnu la Vérité dans le message de Jésus et a tout quitté pour le suivre: Dans notre vie quotidienne, apprends-nous à partager. Tu te trouvais près de la croix de Jésus avec Marie et Jean : Au cœur de nos épreuves, obtiens-nous la grâce de la foi et de l’espérance. Au matin de Pâques, tu as reçu de Jésus la mission d’annoncer sa résurrection à ses disciples : Aide-nous à croire que la vie est plus forte que la mort, que l’amour triomphe de tout. Sainte Marie-Madeleine, prie pour nous.

Dame Colette Mure

 Article écrit avec l’aide :

  • Tradition des religieux de Béthanie 
  • Manuscrit attribué à Raban-Maur (commentaires sur les Ecritures canoniques ou apocryphes – 1er siècle) et découvert par l’Abbé Faillon.
  • Visions de Anne Catherine Emmerich (XVIIIème siècle)
  • « la légende dorée » de Jacques de Voragine, Archevêque de Gênes et chroniqueur célèbre (XIIIème siècle)
  • « Dialogues avec Marie Madeleine sur la montagne de la Sainte Baume » Frère Ph.Devoucoux du Buysson; Dominicain et gardien de la grotte de la Sainte Baume pendant 15 ans (1985-2000).
  • « A propos de la découverte des reliques de Sainte Marie Madeleine » M.C Trouillet, archiviste et paléographe (1980)
  • « Journal Le Gallican : les premiers Apôtres de la Provence » article de Mgr T.Teyssot (Avril 2007)
  • Internet: wikipedia – bible-service.net – saintesmaries.free.fr
  • Nos visites avec Robert à la grotte de Marie Madeleine à a Sainte Baume.

 

 

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La vigne, le vin et sacré

L’automne est une période liée à la vigne et au vin avec le temps de la vendange. Si la vigne et le vin sont très présents dans toute la culture méditerranéenne, ils le sont aussi dans la Bible. Plus de 400 citations se rapportant à la vigne et au vin sont présentes aussi bien dans l’Ancien que dans Nouveau Testament. De la vigne plantée par Noé après le déluge (Genèse 9, 20), au récit des noces de Cana (Jean 2, 1-10) et à la parabole des mauvais vignerons (Luc 20, 9-19), ce thème est totalement incontournable.

La vigne était déjà considérée dans les traditions anciennes comme un « arbre » sacré porteur d’une signification éminemment positive. La vigne est un des biens les plus précieux pour son propriétaire. La sagesse est « une vigne aux pousses élégantes, dont les fleurs promettent des fruits splendides et abondants » (Si 24, 17). Mais le thème majeur de la symbolique judéo-chrétienne est : Israël est la vigne et Dieu en est le propriétaire. Le Dieu vigneron y trouve sa joie, la soigne avec amour (Isaïe 5, 1-7) et en attend les fruits. Mais parfois cette vigne si entourée de bons soins, ne donne pas de bon fruits. Ce symbolisme est ensuite repris et se transfère alors sur la personne du Christ : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron » (Jean 15, 1) « Je suis la vigne et vous êtes les sarments » (Jean 15, 5). Ainsi le symbolisme s’étend à chaque âme humaine. Dans la Cène, le Christ choisit le vin pour support de son énergie Christique. Ses paroles sont reprises dans les mots de la consécration de la messe de Gazinet. « … prenant aussi une coupe dans ses mains saintes et vénérables, il Te rendit grâces, la bénit +, et la donna à ses disciples en disant : Prenez et buvez en tous car ceci est le Calice de mon Sang, le Sang de la Nouvelle et Eternelle Alliance… »

Ce n’est pas par hasard que le vin est choisi par le Christ ! Le vin est un aliment parfait, symbole de l’homme, élément porteur de joie, de connaissance, de convivialité et de sagesse. Un élément en lui-même digne d’être élevé à la Divinité nous dit Saint Irénée, Saint Patron de l’Eglise Gallicane. Le vin incarne parfaitement l’image de la résurrection car la vigne et le vin représentent le processus de transformation et d’évolution de l’homme.

La vigne (le Christ) produit du raisin (l’homme) qui grandit et se développe avec les soins attentifs du vigneron (le Père). Le raisin puise ses forces entre la terre et le ciel et il arrive à maturité. Arrive alors la vendange et le raisin est cueilli. Puis il est pressé, transformé et il n’en reste que du jus. Puis c’est le processus de vinification avec une modification chimique complexe au bout de laquelle il devient du vin. Ce vin continu cependant à évoluer, de cuve en barrique puis de barrique en bouteille jusqu’à devenir un nectar merveilleux qui régalera ceux qui le boiront. Notons que le vin ne se boit pas n’importe comment, il n’est pas fait uniquement pour la soif (comme l’eau). Il est aussi bu pour le plaisir car le vin est un aliment unique capable de produire une émotion intense, dont les papilles peuvent garder le goût durant de nombreuses secondes ; que la mémoire conserve durant des années et dont on parle encore longtemps après l’avoir consommé. C’est un produit de mémoire, un produit de fête, lié aux grands événements de la vie.

A travers cette transformation, c’est l’image de la résurrection qui est figurée. La grappe disparaît pour devenir autre chose de beaucoup plus subtil, de totalement différent de sa condition initiale et pourtant inséparablement liée à elle. C’est une invitation au dépassement de soi. Le vin avec ses propres caractéristiques devient digne d’être le sang du Christ. Il est le fruit de la terre et du travail des hommes et il devient, par l’action de l’Esprit-Saint, le vin de la vie éternelle. De même, nous, hommes et femmes, sommes à l’image de Dieu et nous avons nous aussi le potentiel à nous élever pour participer à la Divinité du Christ.

Comme dans chaque terrain, ce qui compte avec la vigne ce n’est pas de faire le meilleur vin du monde ou un vin meilleur que celui du voisin. Ce qui importe véritablement c’est de tirer pleinement partie de tout le potentiel de sa parcelle. Cela se réalise avec les aléas du lieu, de la météo et le savoir-faire du vigneron. Ce qui importe c’est d’exprimer par le vin le meilleur de son terroir puis de recommencer tous les ans et de se renouveler sans cesse. Le vin est en cela une véritable représentation de la vie chrétienne.

Ainsi le vin et le sacré sont liés étroitement. Le vin est un symbole riche, vivant et parlant à tous, comme une parabole qui nous permet de mieux comprendre notre relation à Dieu. Au commencement de la messe, le vin figure cette réalité ô combien complexe et inexprimable. Après la consécration, il EST pleinement et totalement LE CHRIST. Le vin porte en lui cette potentialité de la dimension sacrée. Nous aussi nous devons prendre pleinement conscience de notre réalité spirituelle et sacrée.

Père Robert Mure

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La Crèche, la Pastorale et les Santons

La toute première crèche de Noël est attribuée à saint François d’Assise en 1223. Par la suite, la représentation de la Nativité s’est développée fortement durant la seconde partie du XVIe siècle avec le mouvement artistique baroque. La crèche a été à cette époque un outil pour la réévangélisation en Europe et pour lutter contre la réforme protestante.

La Provence n’échappe pas à ce courant et les crèches se multiplient dans les églises. Le XVIIIe siècle voit apparaître de petites crèches chez les particuliers les plus fortunés. C’est dans ces crèches personnalisées qu’apparaissent les premiers personnages « du petit peuple » marseillais qui viennent apporter des offrandes au nouveau né.

La population s’approprie peu à peu cette nouvelle coutume et y intègre sa vie quotidienne. Face à cela l’Eglise ne dit rien et laisse se mêler la dimension sacrée et la dimension profane. A Marseille, cette tradition devient un attachement tout particulier après le rétablissement, par le Concordat de 1802, de l’autorisation des crèches dans les maisons qui avait été supprimée durant la révolution.

A partir du XIXe siècle, « faire la crèche » devient pour les Marseillais une presque obligation. les figurines en terre, peu couteuses alors, démocratisent cette pratique qui se couvre alors d’un fort régionalisme provencal. La crèche des santons devient une référence identitaire incontournable. Les santonniers deviennent de plus en plus créatifs et ils s’inspirent des scènes de Noël jouées alors dans les théatres : les pastorales. Certaines troupes ont une salle fixe comme celles de Château Gombert ou d’Allauch (lou triatre dou terraire d’alau). Peu à peu pastorales et santons se mêlent en une histoire complexe, parfois rocambolesque mais toujours axée autour de la Nativité.

La plus renommée des pastorales est sans doute celle créée par Antoine Maurel au siège du Cercle Catholique Ouvriers, rue de Nau. Elle raconte en langue provençale et en cinq actes la naissance de Jésus dans un village de Bethléem transposé en Provence. L’ange annonce la nouvelle aux bergers qui la transmettent à différents personnages de caractères : l’aveugle à qui on a volé son fils, le meunier qui vit seul avec son chien, le rémouleur qui aime bien « lever le coude », le bègue, le pistachier qui est peureux et tant d’autres encore… Tout ce petit monde, représenté en costume Louis Philippe, s’invective, se « rabiboche », s’interpelle, plaisante et se fait des blagues. Puis tous se mettent en chemin vers l’étable pour voir « lou tant bèu pichot » (le si bel enfant) et « lo santo vierge » aux couleurs bleu et blanc de la ville de Marseille.

Le dernier acte est l’Adoration : chaque personnage vient rendre hommage à l’enfant Jésus et quelques miracles se produisent. L’aveugle retrouve la vue et récupère son fils, le « boumian » sympathise avec le gendarme, le bègue retrouve la voix et ceux qui étaient brouillés se réconcilient. La pièce se termine par le chant « O Rei de glori » (O Roi de Gloire) qui exprime toute la joie de la Provence. Les santons de terre sont la figuration de ces scènes et de bien d’autres avec la représentation de tout le petit peuple chrétien et de tous les métiers.

Au-delà de la coutume chère à tous les amis de la provence, cette crèche des santons reste un exemple magnifique de l’appropriation de la dimension sacrée par chacun de nous. Le Christ qui se revêt de notre humanité est représenté dans une proximité qui nous touche. Il s’inscrit dans un monde qui est presque le nôtre et ainsi sa réalité devient presque palpable.

Ces petits personnages portent en eux toute la diversité des hommes et des femmes. Ils nous rapellent aussi les petits jouets et personnages de nos jeux d’enfant. Ils nous redisent avec malice et tendresse que le petit enfant qui naît dans la crèche porte en lui la transmutation du monde par la transformation de chacun de nous. La présence du Christ est réalité comme dans Matthieu 11 4-5 : « Jésus leur répondit : allez raconter à Jean… les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent… et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

Venons nous aussi vers cette crèche avec des yeux d’enfants. Ces cadeaux et cette représentation des métiers, c’est notre vie, notre être véritable que nous offrons à cet enfant Jésus. Nous devenons nous aussi, personnages de cette nativité et nous y cotoyons Joseph, Marie et les bergers, le visible et l’invisible et l’ange « Boufaréo » qui souffle dans sa trompette.

« Je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer. » (Luc 18,17)

Entrer dans le Royaume c’est un peu ce que nous faisons avec la tradition de la crèche des santons et de la pastorale. Dans cette naïveté simple, nous nous laissons toucher par la Grâce et le Christ peut ainsi naître aussi dans nos coeurs. Pour conclure mieux vaut regarder avec attention les nombreux personnages et écouter la fin de la pastotrale racontée par l’ange Boufaréo :

– « Et alors, chacun a pris la pose comme chez le photographe mais c’est pour l’Eternité. La sainte Vierge et saint Joseph qui regardent dormir le petit Jésus et qui l’adorent, ils ont la tête penchée sur l’épaule et les mains jointes. Et ça durera jusqu’à la fin du monde.

Le Ravi, les bras en l’air. L’aveugle, appuyé sur sa canne. Pistachié, appuyé sur son fusil. La poissonnière, un panier de poissons de chaque côté de ses hanches énormes. Et le berger, avec son agneau qui dort autour de son cou et son chien qui dort entre ses jambes. Et le boumian, qui a mit amicalement la main sur l’épaule du gendarme. Et le gendarme, qui se lisse la moustache. Et Roustide, avec pour la première fois de sa vie de la joie sur le visage. Et le boeuf et l’âne qui se sont endormis, brisés par l’émotion.

Et personne ne dit plus rien et ils ne bougeront plus jusqu’à la fin des siècles; c’est le destin des santons. Voilà. J’ai dit tout c’que j’avais à vous dire. Excusez-moi si j’ai été un peu bavard, c’est dans mon tempérament mais je vous jure que j’ai dit la franche vérité.

Allez, adieu; je remonte au ciel; soyez heureux; et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. (musique, cloches) FIN »

Père Robert Mure

Sources :

  • www.wikipédia.fr : santons de provence et traditions provençales
  • www.santons-truffier.fr : histoire du santon en provence
  • www.santons-escoffier.com : personnages de la crèche du Père Robert
  • les dires de notre famille Marseillaise qui suit la Pastorale annuelle
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Le Quatre Temps n°1

 

 

 

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Le patrimoine gallican

En France, il existe de nombreuses manifestations pour faire découvrir l’histoire ou la culture de notre pays ou d’une région. L’une d’elles est la journée du patrimoine où de nombreux monuments sont ouverts gratuitement à la visite.

Pour nous gallicans, il existe aussi un patrimoine que nous devons revoir ou visiter pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Il n’est pas fait de pierres ou de jardins, mais il est constitué en partie par les écrits de tous ceux qui ont assuré la rédaction du journal « Le Gallican ». Cette publication fondée en 1921 par Mgr Giraud représente « La voix de l’Eglise de l’équilibre et du bon sens ».

Sur le site internet de l’Eglise Gallicane www.gallican.org vous pouvez accéder directement à ce patrimoine en cliquant sur « archives du journal Le Gallican »; un sommaire des archives a été rajouté afin de trouver plus facilement les sujets recherchés. Venez nombreux pour relire ces écrits, ces réflexions, ces commentaires dont l’actualité vous laissera sans voix et alimentera la réflexion ou la prière.

La richesse de notre histoire se découvre au détour de ces « clics » sur les archives du « Gallican ». Les articles disponibles s’étalent de 1928 à 1950. A la lumière de notre Eglise, vous parcourrez ainsi plus de 70 ans d’histoire et vous traverserez des années dont certaines sont les plus sombres du siècle achevé.

On découvre d’abord une résonance avec les interrogations actuelles : la paix, la guerre, le monde qui change, le déclin du sentiment religieux général, le désintéressement des fidèles pour la messe Ce sont des thèmes déjà évoqués avant 1940. Les thèmes de société sont très souvent d’une étonnante modernité.

On découvre ensuite des méditations liées au déroulement de l’année liturgique : Noël, le Carême, Pâques, Pentecôte, la Toussaint sont abordés de diverses façons mais avec toujours beaucoup d’érudition dans une langue belle et très bien écrite. On découvre aussi de véritables pamphlets contre l’injustice, sur l’ordre social qui se met en place (Avril 1937, Mgr Chevilon : « réflexion sur le temple social ») ou sur la « primauté de Pierre réfutée par l’Evangile ». L’engagement et la conviction ne manquent pas.

Il y a aussi quelques pensées posées comme des diamants pour l’époque et le temps; en Juillet 1946 par exemple, l’article « haine et fraternité » par Mgr Ducasse Harispe ; puis Janvier 1947 dans « l’avenir des nations » :  » les credos de toutes les religions fondus en un seul « . Ces paroles aujourd’hui encore sont en avance sur le temps !

On découvre enfin des textes d’une richesse et d’une profondeur exaltante ; de véritables méditations pour tous les hommes d’hier d’aujourd’hui et de demain encore. Il faut à ce propos prendre le temps de relire les lettres pastorales de Mgr Giraud.

– En Mars 1948, il écrit sur l’unité de l’Eglise

– En Mars 1947 à propos de la période de carême, il écrit : « Ce n’est point tant une époque de pénitence qu’un temps de recueillement ». Cette phrase fait écho aux écrits de Février 1938.

– En Mars 1949 enfin, il écrit : « L’Evangile n’est pas un livre, c’est un être vivant avec une action « .

Il est important pour chaque homme de savoir où il va ; il est important aussi de savoir d’où il vient et où sont ses racines. Dans un siècle naissant qui semble éclater de toutes parts, un détour sur les archives du « Gallican » nous permet à la fois d’enrichir notre réflexion, de relativiser certaines tendances de notre société, d’approfondir notre Foi et de se plonger dans l’amour de notre Eglise et celui de Dieu. Revisitez ce patrimoine, c’est un monument, un trésor, c’est notre richesse et notre culture.

Dans un temps où la mode change tous les trois mois, aller se ressourcer sur des paroles qui restent actuelles, vraies et fortes et dont la pertinence apporte réconfort, est un vrai plaisir.

« Tout passe, tout casse, tout lasse » dit la chanson, mais au coeur des archives gallicanes vous découvrirez des mots toujours vivants. Vous découvrirez que « Le Gallican » depuis le début reste cohérent et actuel malgré l’évolution de la société… Sans doute car il exprime des idées intemporelles, celles d’une religion ancrée dans une Foi vivante et fidèle à Dieu.

Ces archives parcourues il reste encore tous les « Gallicans » plus récents dont la rédaction incombe à Monseigneur Thierry, lourde charge et responsabilité, aux articles toujours aussi riches et vivants en prise directe sur le monde et les préoccupations des hommes d’aujourd’hui. Vous y aurez accès en cliquant sur la rubrique « mises à jour » sur le site de l’Eglise.

Alors abonnez-vous et faites abonner vos proches au Gallican. Faites connaître cette richesse et notre Eglise.

Père Robert Mure

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Les couleurs liturgiques

Blanc  

                                                                                                           

Cou­leur de la Ré­sur­rec­tion, cou­leur de la Gloire de Dieu.

Peu de temps avant de mou­rir, Jé­sus s’est mon­tré à trois de ses apô­tres re­vê­tu d’un vê­te­ment blanc éblouis­sant: C’est la Trans­fi­gu­ra­tion (Marc 8).

Jé­sus mon­trait à ses apô­tres ce que se­rait sa gloire dans le ciel.

Em­ploi:

l’Église est donc en blanc pour les gran­des fê­tes :

Pâ­ques et le temps Pas­cal, Noël et le temps de Noël, les fê­tes de No­tre Sei­gneur, la Sainte Tri­ni­té, la Tous­saint,les fê­tes de No­tre Dame, des an­ges, des saints et sain­tes qui ont ex­pri­mé leur foi sans avoir subi le mar­tyr.

On l’em­ploie aus­si pour les bap­tê­mes et les ma­ria­ges.

A cha­que messe, le prê­tre porte aus­si une aube blan­che .

Ce vê­te­ment blanc nous rap­pelle no­tre bap­tême par le­quel nous avons re­vê­tu le Christ res­sus­ci­té.

Avant cha­que cé­lé­bra­tion, les of­fi­ciants se vêtent de l’aube blan­che en pro­non­çant les pa­ro­les « Seigneur re­vê­tez moi de vo­tre ha­bit de lu­mière et que vos fi­dè­les pro­fi­tent du bon­heur… » ou alors « Que tes prê­tres, Sei­gneur Dieu, se vê­tent de sa­lut… ». Pa­ro­les qui mon­trent que ce n’est plus l’être hu­main en tant que tel qui va of­fi­cier mais la per­sonne or­don­née dans la suc­ces­sion apos­to­li­que.

Le dé­but de la messe re­prend bien aus­si cette no­tion de l’of­fi­ciant qui se dé­ta­che de ce qu’il est et de ce qu’il fait pour n’être plus du­rant l’of­fice re­li­gieux que le ser­vi­teur de Dieu. Il se met à son ser­vice et fait abs­trac­tion de lui-même et de ses sou­cis, pen­sées ou oc­cu­pa­tions du jour «  Efface nos pé­chés, nous t’en prions Sei­gneur, au nom de Jé­sus-Christ, afin que nous nous pré­sen­tions dans ton sanc­tuaire avec un coeur pur et li­bre de toute pen­sée pro­fane. Amen. »

L’idéal hu­main se­rait de pou­voir dire ses pa­ro­les le ma­tin au le­ver et de s’y te­nir toute la jour­née en orien­tant les choix qui se pré­sen­tent de ma­nière à les ren­dre tous agréa­bles à Dieu. Choix se­lon « l’in­tel­li­gence du coeur ». La prière du soir se­rait alors une ac­tion de grâce pour la jour­née écou­lée. Une au­tre pa­role de la messe me vient alors à l’es­prit afin d’al­ler en ce sens:  » Sei­gneur Jé­sus-Christ…. ne per­mets pas que nous soyons ja­mais sé­pa­ré de toi ». Pen­ser à tout cela en re­vê­tant son aube blan­che dans le re­cueille­ment et la prière. Con­tact déjà du célé­brant avec l’In­vi­si­ble alors même qu’il s’ha­bille de « blanc » pour mon­ter à l’au­tel.

Sym­bo­lisme:

Le « Blanc » est la seule cou­leur qui réf­lé­chit tous les rayons lu­mi­neux, c’est pour­quoi il est le sym­bole de Dieu. Il ne re­tient rien, il donne tout.

 » Cou­leur  » ou ab­sence de cou­leur qui ex­prime la sim­pli­ci­té, l’hu­mi­li­té, l’in­no­cence, la pu­re­té, la sain­te­té, la joie, la foi. Elle ex­prime la lu­mière du pa­ra­dis, la vie, la sa­gesse et la con­nais­sance, la gloire an­gé­li­que, le triom­phe des saints, la di­gni­té et la vic­toire du ré­demp­teur.

Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:

Afin de mieux appré­hen­der cette cou­leur et d’aug­men­ter son in­fluence sur nous même, je vous pro­pose quel­ques pas­sa­ges des Ecri­tu­res à mé­di­ter en revêtant l’aube blanche.

An­cien tes­ta­ment:

« Il avait des ha­bits blancs comme la neige » (Da­niel VII,9)

« Fais dis­pa­raî­tre ma faute et je se­rai pur; lave moi et je se­rai plus blanc que la neige » (Psaume 51 (50), 9).

Nou­veau Tes­ta­ment:

« Il chan­gea d’as­pect de­vant leurs yeux; ses vê­te­ments de­vin­rent d’un banc si brillant que per­sonne sur toute la terre ne pour­rait les blan­chir à ce point » (Marc IX,3)

« Ils m’ac­com­pa­gne­ront vê­tus de blanc, car ils en sont di­gnes. Ceux qui au­ront rem­por­té la vic­toire por­te­ront ain­si des vê­te­ments blancs; leur nom, je ne l’ef­fa­ce­rai pas du li­vre de vie, mais j’en ré­pon­drai de­vant mon Père et de­vant ses an­ges » (Apo­ca­lypse III,4-5)

Rouge

Couleur du feu, du sang, de la force vitale, de l’amour et de l’Esprit Saint.

Le port du rouge est aussi un témoignage et un remerciement envers tous ceux et celles qui sont morts pour que la foi soit transmise (martyrs).

Référence aussi à la puissance d’amour de la Sainte Trinité et de la force agissante de l’Esprit Saint en nos âmes.

Emploi:

On retient cette couleur flamboyante pour célébrer la descente de l’Esprit-Saint sous forme de langues de feu, le jour de la Pentecôte.

Le rôle de l’Esprit Saint est d’assurer et de préserver un lien privilégié entre les hommes et Celui qui les fait vivre : « C’est l’Esprit de Dieu qui donne la vie » (Jean VI 63). L’Esprit Saint est une discrète présence divine au coeur de la création, mais il favorise aussi en nous, si nous l’en prions, le lien personnel entre Dieu et l’homme, nous invitant à voir en Lui un véritable Père et non seulement la source abstraite de notre existence.

On s’en sert aussi pour les fêtes des martyrs. (sang répandu par la Foi pour la Gloire de Dieu)

C’est aussi la couleur des Apôtres (sauf Saint Jean l’Evangéliste)

On l’utilise aussi pour une Confirmation ou une Ordination en signe de la puissance de l’Esprit Saint. La messe du synode gallican est aussi célébrée en rouge.                                                                                                                      Dans le rite gallican Sainte Jeanne d’Arc et les Saints Innocents sont fêtés en rouge comme les martyrs. (blanc dans le rite romain).                                                                    Dans les églises, la lampe rouge est aussi là pour indiquer aux gens la présence christique dans les hosties consacrées. Elle oriente les fidèles vers le tabernacle où se trouve le principal habitant du lieu. Elle est une invitation à établir une relation personnelle et consciente avec Dieu.

Symbolisme:

Le rouge évoque la capacité à entreprendre et à agir en luttant contre les forces d’inertie ; il nous permet d’avancer sur la voie de notre accomplissement. Il aide aussi à enraciner notre conscience dans les profondeurs de notre être et à y découvrir la présence de Dieu qui nous donne de vivre et d’exister. C’est pour cela que le rouge représente aussi l’Esprit puisque c’est lui qui nous aide sur ce chemin de rencontre avec le Père.

C’est aussi la couleur de la science secrète, de la connaissance ésotérique : dans les lames des Tarots, l’Hermite, la Papesse et l’Impératrice portent tous une robe rouge sous une cape ou un manteau bleu. Ils nous révèlent qu’ils font l’expérience d’une relation personnelle et intime avec Celui qui donne la vie. Expérience à laquelle nous sommes tous conviés.

Le rouge est aussi une couleur ambivalente qui demande du contrôle : c’est la couleur des Cardinaux, princes de l’Eglise mais c’est aussi le manteau rouge des princes de l’enfer. Son mauvais contrôle mène à l’égoïsme et à la haine.

Méditations sur les Ecritures

An­cien tes­ta­ment:

« indique moi, Eternel, tes voies, dirige moi dans le droit chemin. Ps 27(26) 11

Nouveau testament :

« Courage, lève toi, il t’appelle » Marc 10 49

Violet

Couleur de l’attente de la rencontre avec le Christ; Couleur de la préparation de nos coeurs avant Noel et de nos âmes avant Pâques.

Couleur du mysticisme: il exprime la spiritualité.

Quand on voit le prêtre en violet, on se rappelle que Jésus était attendu par tout un peuple. Les prophètes avaient promis sa venue.

Maintenant quand on voit les ornements violets, notre esprit se rappelle qu’il doit plonger en lui-même, réfléchir et demander à Dieu que le Christ vienne « établir son règne dans notre coeur et notre vie ».

Cette couleur nous rappelle que nous devons travailler à fortifier notre vie de chrétien. Elle nous incite au dépassement de soi pour se tourner vers l’autre en ayant le souci de lui. Elle nous donne l’aptitude à œuvrer pour son salut et à le soutenir. Elle souligne la primauté de la relation sur l’être. Elle est donc intimement liée à la charité qui nous invite à nous soucier avant tout du salut de l’autre.

Emploi:

Le prêtre et les officiants revêtent les ornements violets lors du temps de l’Avent qui précède Noël et lors du Carême qui prépare à la fête de Pâques.

C’est aussi la couleur de la robe des Evêques, pasteur responsable des âmes qui lui sont confiées.

Symbolisme:

Le violet incite à la modération. Il nous invite à la réflexion à la tempérance. Mélange égal de rouge et de bleu, le violet est la couleur de l’équilibre entre la terre et le ciel, la passion et l’intelligence, l’amour et la sagesse, les sens et l’esprit….

Sur les monuments du moyen age, Jésus Christ porte la robe violette pendant la Passion ; Temps ou il a pleinement assumé son incarnation et ou au moment d’accomplir son sacrifice, il marie totalement en lui l’homme, fils de la terre avec l’Esprit Céleste impérissable en lequel il va retourner.

Sur certaines représentations Jésus porte parfois la robe rouge et le manteau bleu : sa nature humaine s’unit à Dieu. Après sa glorification il est représenté en rouge et blanc : il est lui même Dieu.

Méditations sur les Ecritures

An­cien tes­ta­ment:

« Ne vous vengez pas et ne gardez pas de rancune contre vos compatriotes. Chacun de vous doit aimer son prochain comme lui-même. Lévitique XIX,18

« Conduisez vous les uns envers les autres avec amour et bonté » Zacharie VII, 9

Nouveau testament

« si quelqu’un parmi vous croit être sage à la façon de ce monde, qu’il devienne fou afin d’être réellement sage. Car la sagesse, à la manière de ce monde est une folie aux yeux de Dieu » 1 Corinthiens III, 18-19

«  le plus grand amour que quelqu’un puisse montrer, c’est de donner sa vie pour ses amis » Jean XV,13

« voici mon commandement, aimez les uns les autres comme je vous aime» Jean XV, 12

Vert

Couleur de la nature, création de Dieu qui pousse au printemps; la promesse des fruits et la récompense du travail des hommes.

Couleur aussi de l’espérance du Paradis après une vie attentive à Dieu.

Vie de Dieu que nous recevons aussi en nous par les sacrements.

Le vert c’est aussi l’espérance: celle de Noé qui attend le rameau d’olivier que la colombe ramène dans son bec (Génèse 8, 11)

Emploi

On utilise le vert en dehors des Temps liturgiques particuliers soit :

– après l’Épiphanie: du 14 janvier au samedi avant la septuagésime : 70 jours avant Pâques

– après la Pentecôte: du lundi qui suit le premier dimanche après la Pentecôte jusqu’au samedi qui précède l’Avent).

Durant ce Temps dit  » ordinaire « , qui signifie dans la mystique liturgique, notre cheminement vers le ciel. Pendant ce temps, soyons particulièrement attentifs aux Epîtres et Evangiles du jour qui sont là pour nous aider à avancer dans notre vie de chrétien.

Symbolisme:

Le vert symbolise le calme, la paix, l’espérance.

Le vert nous incite à cultiver le jardin de nos âmes, à y extirper les ronces et les épines, afin que croissent les bonnes oeuvres, présage d’une abondante moisson.

Le vert est associé à toute idée de renouvellement : il favorise un processus de transformation nous conduisant à renoncer à nous même pour renaître à une vie nouvelle. Le vert nous introduit dans une dynamique de changement

Méditations sur les Ecritures

Ancien testament

«Noé était un homme droit, fidèle à Dieu, il vivait en communion avec Dieu » Génèse VI,9

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai » Gnèse XII,1

Nouveau testament

« Celui qui aime sa vie, la perdra, mais celui qui refuse de s’y attacher dans ce monde la gardera pour la vie éternelle » Jean XII, 25

« lève toi, prends ton grabat et marche » Jean V,8

Les autres couleurs liturgiques.

Il existe aussi d’autres couleurs liturgiques portées moins fréquemment; elles permettent de souligner plus spécialement un moment différent et important du cycle liturgique.

Notons aussi que c’est le fond des ornements qui détermine leur couleur et non une croix sur une chasuble ou les bandes sur une dalmatique.

Or

Il signifie la Royauté du Christ, la puissance de Dieu.
Couleur du savoir et de la connaissance. Arme de lumière
Emploi:
Ce n’est pas une couleur liturgique en elle-même.
L’or peut remplacer le blanc, ou le rouge dans certaines occasions solennelles.
Sym­bo­lisme:
Symbole de gloire et de richesse, de rayonnement et de splendeur.
Couleur du soleil et de l’or, son caractère lumineux l’apparente à la sagesse.
L’or évoque une capacité à rayonner pleinement les valeurs que nous portons au plus profond de nous, en toute franchise et authenticité, ayant su concrétiser une relation authentique entre notre être intérieur et notre être extérieur après avoir trouvé le sens de notre existence.
Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:
Ancien testament :
« si tu partages ton pain avec celui qui a faim… alors la lumière chassera l’obscurité où tu vis….tu seras comme en plein midi » Isaïe LVIII,10
« je ne prononce que des paroles justes,aucune n’est mensongère ou trompeuse. L’homme intelligent les reconnaît exactes. » Proverbes VIII,8
Nouveau testament :
«si quelqu’un pense être important alors qu’il n’est rien, il se trompe lui même. Que chacun examine sa propre conduite » Galates VI,3
« Vous êtes la lumière du monde, on n ‘allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » « ils voient le bien que vous faites et ils louent votre Père qui est dans les cieux » Matthieu V,14-16

Noir


Il unit toutes les couleurs: il représente l’éternité.
Il est aussi, dans le monde occidental, associé au deuil.

Emploi:

On le met le Vendredi Saint et pour les messes de funérailles ainsi que le 2 novembre.(messe pour les défunts).

Sym­bo­lisme:

Couleur contraire du Blanc, le Noir est en fait son égal en valeur absolue, puisqu’il peut comme lui se situer aux deux extrémités de la gamme chromatique.
Il est réceptif à la lumière qui est toujours source de beauté.
Il est disposition d’ouverture : cette couleur est le propre de toute créature consciente de son manque, qui l’assume et se tourne vers la lumière…. comme toute chose était originellement tournée vers le divin.
Il nous aide à prendre conscience que nous devons nous ouvrir à la lumière de Dieu et à l’accueillir pleinement.
Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:
Ancien testament :
« La terre était sans forme et vide et l’obscurité couvrait l’océan. Le souffle de Dieu se déplaçait à la surface de l’eau. Alors Dieu dit : « que la lumière soit » et la lumière parut. » Génèse I, 2-3
Nouveau testament
« d’autres grains sont tombés sur la bonne terre et ont donné du fruit » Matthieu XIII, 8
« Rejetez tout ce qui salit et tous les excès dus à la méchanceté, accueillez avec humilité la parole que Dieu plante dans votre cœur car elle a le pouvoir de vous sauver » Jacques I,21

 Rose

Soulagement de la rigueur pénitentielle
Couleur de la douceur et de l’optimisme.

Emploi:

Elle peut être utilisée 2 fois par an:
– le dimanche de « laetare »: quatrième dimanche de Carême
– le dimanche de « gaudete »: troisième dimanche de l’Avent

 Sym­bo­lisme:

La couleur rose est une variante du violet. Plus claire que lui, elle exprime la joie au milieu des temps de l’avent et du carême, un soulagement au milieu des rigueurs de l’attente.
Le rose est aussi un mélange de rouge et de blanc : une bouffée d’amour au sein de la rigueur : elle représente Dieu attentif et aimant même au milieu des difficultés ou de l’attente.

Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:
 Nouveau testament :
« Elles quittèrent rapidement le tombeau, remplies tout à la fois de crainte et d’une grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples de Jésus. » Matthieu 28,8
« Et une voix se fit entendre du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; je mets en toi toute ma joie. » Marc 1,11

Bleu

Couleur attribuée à Marie

Couleur de la vastitude du ciel.
couleur qui nous incite à l’élévation en introduisant notre conscience dans une perspective plus vaste

Emploi:
Le bleu est utilisé pour la messe de l’Immaculée Conception ainsi que possible pour toutes les fêtes de Marie.

Sym­bo­lisme:
Le Bleu est une couleur reposante. Il donne une impression de calme et de fraîcheur.
Il évoque le ciel, la mer et l’espace. Il crée une ambiance propice à la détente.
Couleur qui nous incite au développement de notre vie spirituelle, à l’élévation de notre âme en introduisant notre conscience dans une perspective plus vaste, celle de l’amour et de ses exigences ; mais aussi celle de l’avenir souhaité par Dieu. Il nous invite à répondre à l’appel de Dieu.

Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:
Ancien testament :
« Je bénis le Seigneur qui s’est fait mon conseil, et même la nuit mon cœur m’instruit » Psaume 16(15),7
«  Je tiens les yeux levés vers toi,Seigneur, ô toi qui résides dans les cieux » Psaume 123(122),1

Nouveau testament :
« augmente en nous la Foi » Luc XVII,5
« J’ai vu de mes propres yeux ton salut, ce salut que tu as préparé devant tous les peuples : c’est la lumière qui te fera connaître aux nations du monde et qui sera la gloire de ton peuple » Luc II, 30-32.
« Alors Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ». Et l’ange la quitta. » Luc I,38

Cendré
Couleur des cendres comme son nom l’indique.

Emploi:
Jusqu’au Concile Vatican II, le gris cendré était au rite lyonnais, prévu les jours de semaine pour les temps de pénitence (Avent et Carême).
L’Eglise gallicane en autorise toujours l’utilisation.

Sym­bo­lisme:
Pendant le carême, cette couleur rappelle à l’homme la nécessité d’être humble; il n’est que « poussière et retournera en poussière » (liturgie du mercredi des cendres)…. avant sa résurrection promise par le Père.
Le gris: somme des deux couleurs opposées noir/blanc est le chemin obligé pour toute passage entre une couleur et sa contre couleur…. cheminement et transformation aussi de l’homme au cours de sa vie.

Mé­di­ta­tion sur les Ecri­tu­res:
Ancien testament
« Moi, l’unique vrai Dieu, j’habite là-haut, 
mais je suis avec les hommes…
 qui ont l’esprit d’humilité » Isaïe 57,15

Nouveau testament
« Vous faites partie du peuple de Dieu ; Dieu vous a choisis et il vous aime. C’est pourquoi vous devez vous revêtir d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience. » Colossiens 3,12
« Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. » Philippiens 2,3
« il a choisi de vivre dans l’humilité et s’est montré obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une croix. » Philippiens 2,8

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Références :
Site de l’Eglise : www.gallican.org
Messe selon la liturgie gallicane, Tradition apostolique de gazinet
Wikipédia.fr
« dictionnaire des symboles » : J.Chevalier et A.Gheerbrant –  Editions Seghers
« la science de l’arc en ciel » : C.R Payeur – Editions de l’aigle
Extraits bibliques

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